Contre-révolution et révolution au XXIe siècle

par Ludo Martens (président du Parti du Travail de Belgique)
30 novembre 2001
Les intertitres entre crochets [] sont de la pBMLm

Introduction

[deux 11 septembre]

Le 11 septembre 2001 a été d’abord l’anniversaire du coup d’État organisé par l’impérialisme américain contre le pouvoir nationaliste et démocratique d’Allende au Chili. À partir du 11 septembre 1973, sous instigation américaine, une vague de terrorisme a déferlé sur le pays, provoquant la mort de 30 000 communistes, révolutionnaires et patriotes chiliens.
Mais le 11 septembre 2001 est finalement devenu le jour où en Asie, en Afrique et en Amérique les peuples se sont dit que les crimes monstrueux que le système impérialiste leur fait subir, seront tôt ou tard vengés
Ce jour, l’unique superpuissance, les États-Unis, qui se sont arrogés le droit de régenter le monde entier, ont été frappés par une série d’actes de guerre jamais vus dans l’histoire américaine. Les symboles de la domination économique de l’impérialisme américain sur le monde, les deux tours du Manhattan World Trade Center, ont été détruites par des attentats ; le Pentagone, qui planifie au coût de 300 milliards de dollars par an, les guerres, interventions et opérations secrètes que mènent les États-Unis dans le monde entier, a été frappé par une grande force destructrice en plein cœur.

[le doute et l'espoir]

Si un cinéaste célèbre avait proposé cet événement comme nœud d’un scénario, il aurait reçu un refus net de toutes les maisons de production américaines: « Un scénario pareil n’a aucune crédibilité! » Le doute subsiste d’ailleurs si ce scénario impossible a pu être exécuté sans complicité de certains services secrets américains.
J’étais au Congo ce jour-là. Vers 17h00, dans la rue, j’ai rencontré un parlementaire qui, très excité, m’a embrassé et qui s’est exclamé: « C’est une journée magnifique, magnifique! » Ce soir-là, à Kinshasa, dans un quartier pauvre et sans électricité de Barumbu, des gens assis devant leur maison dans l’obscurité, commentaient l’événement: « Ben Laden, il est devenu l’homme le plus fort du monde, les Américains tremblent… »
Juvénal Sibomana, un Congolais vivant en France, se trouvait le 11 septembre à Bukavu, ville martyre occupée par l’armée rwandaise avec le soutien américain. Sibomana témoigne: « À l'annonce de l'attaque, tout le monde s'est précipité sur son poste de télévision. Face aux images, beaucoup n'ont pu s'empêcher d'applaudir. Tous étaient chrétiens. Ils continuaient de jubiler: « Les Américains ressentent enfin ce que nous ressentons lorsque des bombes rwandaises nous tombent dessus. » Le soir même, la nouvelle s’est répandue jusqu'au fin fond de la brousse comme une traînée de poudre… Et elle sonnait comme une victoire. »
À Kinshasa, j’ai reçu un courrier électronique m’apprenant la réaction du grand artiste italien Dario Fo, prix Nobel de littérature 1997: «  Les grands spéculateurs se vautrent dans une économie qui tue chaque année des dizaines de millions d’hommes par la pauvreté ; alors que signifient 20 000 morts à New York? Peu importe qui a fait le massacre, cette violence est la fille légitime de la Culture de la violence, de la famine et de l’exploitation inhumaine ».
La revue de la grande bourgeoisie américaine Newsweek du 8 octobre a noté que dans beaucoup de parties de notre monde, « les gens étaient contents que la superpuissance mondiale à été rabaissée d’un cran ». « Une manifestation pacifique à Rio de Janeiro avait une banderole: « 150 000 morts à Hiroshima: qui l’a fait? ». Une autre disait: « Une minute de silence pour les morts américains, 59 minutes pour les victimes de la politique américaine. » Andres Hurtado, un journaliste célèbre en Colombie, écrit une lettre ouverte aux États-Unis dans El Tiempo: « Que le ciel vous aide à apprendre un peu d’humilité ». Rosemarie Muraro, une féministe brésilienne, a comparé les attaques contre les États-Unis à une révolte d’esclaves.

[Liquidation de l’impérialisme américain à l’échelle mondiale]

Le centre de la puissance militaire américaine frappé en plein cœur, les deux tours qui représentent la domination économique du monde par le dollar réduits en ruines: le XXIe siècle commence par un acte symbolique. Le XXe siècle a été une répétition générale de la lutte planétaire contre l’impérialisme et le capitalisme, pour l’indépendance et le socialisme, le XXIe siècle verra la liquidation de l’impérialisme et en particulier de l’impérialisme américain à l’échelle mondiale. C’est la thèse que nous avons défendue en 1997 à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de la grande Révolution d’Octobre.

[Approfondissement et élargissement de toutes les contradictions du système impérialiste]

Ce qui est appelé aujourd’hui « la globalisation » est pour l’essentiel une nouvelle phase de la crise générale du système impérialiste mondial, caractérisée par un approfondissement et un élargissement de toutes les contradictions qui le marquent depuis sa naissance au début du vingtième siècle.
Cette nouvelle phase a commencé avec le triomphe de la contre-révolution en Union Soviétique et dans les pays socialistes de l’Europe en 1989-1990. Elle a immédiatement été caractérisé par la liquidation de facto du droit international adopté dans la foulée de la victoire dans la guerre antifasciste et par le déclenchement d’une série de guerres d’agression de grande ampleur. Les États-Unis se sont engagés dans la voie de la guerre à l’échelle planétaire.
Cette nouvelle phase de la crise est également marquée par une aggravation constante des crises économiques qui secouent l’économie capitaliste et une limitation des « voies de secours » encore possible pour le système capitaliste.

Révolution et contre-révolution en Union Soviétique

Abordons la première caractéristique de la phase actuelle de la crise générale de l’impérialisme: la restauration intégrale du capitalisme en Union Soviétique et en Europe de l’Est au cours des années 1989-1990 qui a enlevé un contrepoids à l’impérialisme au niveau mondial et a plongé ces pays dans des crises économiques et politiques terribles.

[La montée des forces révolutionnaires à l’échelle mondiale]

Pour bien situer la contre-révolution en URSS, il faut d’abord évoquer la montée des forces révolutionnaires à l’échelle mondiale au cours de la première partie du XXe siècle.
Ce siècle avait commencé en Europe avec la transformation du capitalisme libéral en capitalisme des monopoles. Pour échapper aux crises au niveau national et pour s’emparer de profits maximaux, les monopoles poussaient leur gouvernement à conquérir des colonies et y exportaient des capitaux. Crises et rivalités ont finalement conduit à la première guerre mondiale qui fit dix millions de morts et qui a marqué la première phase de la crise générale du système capitaliste international. Les partis sociaux-démocrates, qui dirigeaient alors la classe ouvrière, ont honteusement trahi les principes révolutionnaires du marxisme pour rejoindre la grande bourgeoisie belliciste et pour conduire les travailleurs à la boucherie impérialiste.

[La direction de la lutte révolutionnaire par le parti bolchevique]

Seul le parti bolchevique réussit à diriger la lutte révolutionnaire jusqu’au renversement des classes réactionnaires, le tsarisme, les propriétaires féodaux et ensuite les grands capitalistes. Selon les lignes indiquées par Lénine, Staline dirigea à partir de 1923 l’édification socialiste. Il a fait du parti bolchevique un grand parti de masse qui a réalisé quatre miracles: l’industrialisation socialiste, la collectivisation et la modernisation de l’agriculture, la révolution culturelle qui transforma un pays d’analphabètes en un pays d’intellectuels et de travailleurs cultivés, l’organisation d’une puissante armée rouge équipée des armes les plus modernes.

[La seconde phase dans la crise générale du système impérialiste]

À partir de la crise de 1929, les puissances impérialistes les moins bien « servies » en colonies, se préparèrent à nouveau fébrilement à la guerre. Ce fut le début de la seconde phase dans la crise générale du système impérialiste. La seconde guerre mondiale éclata en 1939. Une nouvelle fois la preuve était faite que l’impérialisme conduit nécessairement à la guerre. Grâce à la direction clairvoyante de Staline et du Parti bolchevique et à l’héroïsme de l’armée rouge et des masses travailleuses, l’Union soviétique est sortie victorieuse de la plus grande et la plus terrible guerre que l’histoire a connue. Le prestige du socialisme était au zénith. Dans le monde entier, les ouvriers et paysans voyaient qu’il y avait une alternative à l’exploitation et à la barbarie du capitalisme et de l’impérialisme.

[L'affaiblissement du capitalisme mondial]

Le capitalisme mondial était très affaibli avec les destructions que la guerre avait causées en Europe. Et c’est ainsi que l’Union Soviétique a réussi à imposer des principes démocratiques dans la Charte de l’ONU, principes que l’impérialisme n’avait jamais accepté et qu’il violera d’ailleurs chaque fois que le rapport des forces le lui permettra.
En 1949, dans la foulée de la victoire sur le fascisme japonais, le peuple chinois, sous la direction de Mao Zedong et du Parti Communiste Chinois, est sorti vainqueur de 22 ans de guerres anti-impérialistes et de guerres révolutionnaires: avec la victoire du socialisme en Chine, le capitalisme et l’impérialisme ont connu une seconde défaite stratégique et le rapport des forces au niveau mondial s’est transformé en faveur des peuples opprimés et des ouvriers. Inspirés par la victoire de l’Union soviétique dans la guerre antifasciste et par la libération de la Chine, le mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière a connu un essor dans le monde entier, les luttes révolutionnaires pour l’indépendance ont déferlé de l’Inde au monde arabe et à l’Afrique noire.

[Cassure de la ligne ascendante de la révolution mondiale, socialiste et anti-impérialiste à partir des années 1956-1960]

La ligne ascendante de la révolution mondiale, c’est-à-dire de la révolution socialiste et de la révolution anti-impérialiste, nationale et démocratique, a été cassée à partir des années 1956-1960, lorsque les tendances opportunistes ont pris le pouvoir dans le Parti bolchevique. En effet, la contre-révolution capitaliste de 1989-1990 a été préparée idéologiquement et politiquement dès l’arrivée au pouvoir de l’équipe Khrouchtchev en 1956. Celle-ci a initié une rupture radicale avec la politique révolutionnaire suivie sous Lénine et Staline. Tous les principes marxistes-léninistes ont été liquidés l’un après l’autre. Les révisionnistes ont déclaré que le socialisme avait définitivement triomphé, qu’une restauration capitaliste était devenue impossible, que la lutte des classes avait cessé en Union soviétique et, par conséquent, que la dictature du prolétariat contre la bourgeoise et les éléments bourgeois n’était plus nécessaire.
Le combat révolutionnaire contre l’impérialisme a été abandonné depuis que Khrouchtchev a déclaré: « Nous voulons être amis avec les États-Unis et coopérer avec eux dans la lutte pour la paix et la sécurité des peuples. » L’éducation révolutionnaire a été dénaturée fondamentalement pour être finalement liquidée. Les idées et les comportements bourgeois se sont installés parmi les dirigeants du Parti et de l’État. Des principes de l’économie capitaliste ont été progressivement réintroduits, à partir du rétablissement du principe du profit capitaliste en 1965. L’enrichissement personnel s’est développé de même qu’un secteur d’économie capitaliste noire. La contre-révolution en Union soviétique a été essentiellement l’œuvre des forces réactionnaires et anticommunistes « soviétiques » infiltrées dans le Parti et l’État. Staline avait toujours souligné en son temps qu’une citadelle peut le plus facilement être prise de l’intérieur
Le cours révisionniste à la tête du Parti et de l’État a aussi été encouragé et aidé par les puissances impérialistes, qui en même temps encourageaient et aidaient les mouvements ouvertement réactionnaires de droite, voire fasciste.

[Restauration du capitalisme et conséquences hallucinantes pour les masses travailleuses]

La dégénérescence idéologique, politique et économique a conduit en 1990 à la restauration intégrale du capitalisme dans ses formes les plus sauvages. Les conséquences pour les masses travailleuses ont été hallucinantes. La production de l’ex-Union Soviétique était en 1999 à 57% de son niveau de 1990 (et celle de l’Ukraine, même à 39%). Sa population a diminué de 6 millions d’habitants en 8 ans, la mortalité est deux fois plus importante que la natalité. L’espérance de vie a chuté de 64 à 61 ans. 36 % de la population a un revenu inférieur au minimum vital.
La Russie est maintenant « tenue » par l’impérialisme grâce à des dettes qui se montent à 200 milliards de dollars. Et on peut mesurer l’importance des liens entre la grande bourgeoisie mafieuse russe et le capitalisme international en observant les 300 milliards de dollars de fuites de capitaux depuis 10 ans.
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Il faut aussi mesurer le chemin parcouru par la direction russe actuelle pour se dégager de cet étau après avoir évincé la clique Eltsine en grande partie note de la pbmlm

[L’élaboration et la mise en pratique déterminante d’une ligne politique et organisationnelle révolutionnaire]

L’expérience du XXe siècle a appris que l’élaboration et la mise en pratique d’une ligne politique et organisationnelle révolutionnaire est déterminante pour la victoire de la cause du socialisme.
L’Union Soviétique de Lénine et de Staline a dû affronter entre 1917 et 1953 des difficultés et des épreuves qu’aucun autre peuple n’a connu au cours de l’histoire des luttes de libération. Les difficultés étaient tellement énormes que tous les opportunistes trouvaient des « arguments » pour prédire l’impossibilité de la tâche. Les uns affirmaient que l’Union soviétique n’était pas mûre pour le socialisme, les autres qu’il était impossible de construire le socialisme en un seul pays. Mais le formidable travail politique et organisationnel réalisé sous la direction de Staline a permis au peuple soviétique de vaincre les difficultés les plus effrayantes.
L’expérience du XXe siècle a également appris que l’adoption et la mise en pratique d’une ligne politique et organisationnelle opportuniste mène à la régression de la révolution et finalement à la destruction de tous ses acquis et au rétablissement de la dictature de la bourgeoisie.
Depuis 1968, nous avons été confrontés à différents courants bourgeois à phraséologie de « gauche » qui nous disaient qu’il était impossible qu’un État socialiste de la dictature du prolétariat dégénère au point de retourner au capitalisme, sauf en cas de guerre civile contre-révolutionnaire ou d’agression impérialiste. Tous ces opportunistes juraient que Khrouchtchev et Brejnev avaient raison d’affirmer que le socialisme avait définitivement triomphé en URSS et que la restauration du capitalisme était désormais impossible. En fait, ils aidaient la subversion bourgeoise et impérialiste à parfaire son œuvre de minage de tout ce qui était encore socialiste.

[Le camouflage des préparatifs de la restauration capitaliste]

À des moments décisifs, les partisans de la contre-révolution recourent de façon démagogique à des thèses « marxistes » ou « léninistes » pour camoufler les préparatifs de la restauration capitaliste. Et en même temps ils mènent des campagnes virulentes et incessantes pour attaquer et détruire tous les principes révolutionnaires, en prétendant qu’ils s’opposent uniquement au soi-disant « stalinisme ».
Nous avons vu à l’œuvre monsieur Gorbatchev qui à partir de 1985 prêchait dans tous ses discours le « retour au léninisme »… pour achever de façon systématique le travail de destruction entamé par Khrouchtchev et Brejnev.
C’est en 1990, au 28e Congrès du PCUS, que Gorbatchev avoua publiquement que son combat contre le « stalinisme » avait comme objectif principal la restauration de l’économie du marché. Ce congrès a proclamé officiellement la restauration du capitalisme. Gorbatchev déclara: « Le régime stalinien totalitaire est en voie d’être surmonté. Le diktat idéologique cède la place à l’indépendance des esprits. » « Les avantages de l’économie de marché ont été prouvés à l’échelle universelle. (…) Le passage aux rapports de marché doit constituer le principal contenu de la radicalisation de la réforme économique ».
Or, c’est au nom de la lutte contre le « stalinisme » que Gorbatchev et Yakovlev ont non seulement restauré la capitalisme dans une forme mafieuse, mais qu’ils ont aussi favorisé la renaissance des mouvements fascistes en URSS et dans les pays socialistes de l’Europe de l’Est.
[L’anti-stalinisme emballé dans des mots « léninistes »]
Dans le monde entier, beaucoup de progressistes et de révolutionnaires ont été influencé d’une façon ou d’une autre par l’anti-stalinisme emballé dans des mots « léninistes ». L’histoire de la « Glasnost » nous a révélé la véritable nature de cette démarche. Le député soviétique Youri Kariakine déclara: « Comme beaucoup d’autres, j’étais contre Staline mais pour Lénine. Mais si nous désirons changer pour de bon, il faut remonter à la source. Et notre source est là: chez chacun de nous, il y a du Marx, de l’Engels, du Lénine. Et aussi du Staline ». L’idéologue en chef de la « glasnost », Alexandre Yakovlev, expliqua que l’œuvre de destruction politique et idéologique avait été systématiquement et méthodiquement menée depuis de longues années. Il affirma que le combat contre Staline visait en fait tout l’héritage marxiste. « En politique, tout doit se faire au moment adéquat. On ne peut pas ignorer l’état d’esprit des gens. (…) Tout le monde affirme que Marx a créé une doctrine sur l’homme. Non, il n’a rien créé de tel. Il a créé une doctrine sur la lutte des classes que nous devons abandonner. »

[La démagogie « léniniste » de Gorbatchev et la restauration du capitalisme]

Maintenant que « tout est joué », nous pouvons facilement comprendre la véritable nature de certaines forces qui excellent dans la démagogie « de gauche ». En Belgique nous avons eu un Ernest Mandel qui déclara: « La Pérestroïka est une véritable nouvelle révolution. Notre mouvement avait défendu la même thèse depuis 55 ans, on l’avait qualifié pour cette raison de contre-révolutionnaire. Aujourd’hui, on comprend mieux où se trouvaient les véritables contre-révolutionnaires et où se trouvaient les véritables révolutionnaires. » « Le réformateur Eltsine représente la tendance qui veut réduire l’immense appareil bureaucratique. Ainsi, il marche sur les traces de Trotsky.  » Lorsqu’en août 1991, Yannaiev tenta de mettre un arrêt à la course folle au désastre par un coup d’État contre Gorbatchev, Mandel écrivit: « Il fallait s’opposer au coup et, à ce titre, lutter aux côtés de Yeltsine ».
La suite de la démagogie « léniniste » de Gorbatchev et de son groupe est connue: la restauration du capitalisme dans des formes sauvages, mafieuses, le démantèlement de l’Union soviétique, le déclenchement de guerres civiles réactionnaires en Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Tadjikistan, la prise de pouvoir par des forces fascistes « islamistes » en Tchétchenie, etc.
[Les exemples négatifs et positifs de l'Histoire, des années 1960-1990 et 1930-50]
Ainsi, l’histoire des années 1960-1990 nous enseigne par des exemples négatifs, tout comme l’histoire soviétique des années 1930-50 nous a enseigné, sur les mêmes sujets, par des exemples positifs d’une lutte ferme et implacable contre les ennemis du socialisme et contre les complots impérialistes.
Après la contre-révolution en Union Soviétique, j’ai relu le compte-rendu du « Procès du bloc anti-soviétique des droitiers et des trotskistes » qui a eu lieu en 1938. Lors de ce procès, Boukharine, Trotsky et leurs adeptes ont été accusés d’utiliser un langage pseudo-révolutionnaire pour attaquer les fondements du régime socialiste. Ils présentaient des plates-formes démagogiques qui servaient à rallier les anciens bourgeois et féodaux et toutes les forces qui voulaient le renversement du socialisme en URSS.
« Derrière le clinquant de la phraséologie trotskiste et boukhariniste, elles préparaient la restauration du capitalisme ». Pour arriver à leurs fins, les opposants étaient entrés en contact avec des puissances impérialistes, dont l’Allemagne nazie, pour faciliter leur prise de pouvoir. L’accusation affirma que « les droitiers et les trotskistes sont un détachement avancé du fascisme international », « un bloc des traîtres ».
« Ce procès nous rappelle que deux mondes se dressent face à face, tels deux ennemis mortels et irréconciliables, le monde du capitalisme et le monde du socialisme. La logique des antagonismes de classe pousse les restes des classes exploiteuses à l’intérieur de l’URSS ainsi que les classes exploiteuses au delà de nos frontières à des attaques toujours plus acharnées contre l’État des travailleurs.  »
Le procès souligna l’importance de l’activité de la social-démocratie internationale, formation au service de l’impérialisme, qui soutenait de toutes ses forces les comploteurs en URSS. Il indiqua les relations entre les comploteurs et les services de renseignement occidentaux. L’acte d’accusation mentionnait aussi que les boukharinistes et trotskistes préparaient « la séparation de l’Ukraine, de la Biélorussie et le démembrement de l’Union soviétique ».

[Le programme des Gorbatchev et Eltsine est celui de leurs prédécesseurs Boukharine et Trotsky.]

Aujourd’hui, nous nous rendons compte que Gorbatchev et Eltsine ont effectivement réalisé presque intégralement le programme pour lequel leurs prédécesseurs Boukharine et Trotsky ont été condamnés en 1938. Depuis lors des hauts fonctionnaires du temps de Gorbatchev se sont vantés qu’ils complotaient avec les services de renseignements américains depuis des dizaines d’années! Ce n’est donc pas un détail que Gorbatchev a officiellement réhabilité aussi bien Trotsky que Boukharine en 1990! C’était une reconnaissance qu’il reprenait pour l’essentiel la démarche de ces deux opportunistes et traîtres. Il est également très significatif qu’un chef trotskiste comme Mandel a « reconnu » que Gorbatchev « mettait en pratique » le programme de l’internationale trotskiste et que Eltsine « luttait contre le bureaucratisme » à la façon de Trotsky!

Des crises qui menacent les fondements de l’ordre impérialiste

La nouvelle phase dans la crise générale du système impérialiste mondial est également marquée par une aggravation des crises économiques qui secouent l’économie capitaliste. C’est sa deuxième caractéristique.
L’économie américaine surtout vit sur des bombes économiques. Les États-Unis s’acheminent vers une crise économique qui fera craquer le monde avec un fracas plus étourdissant que la crise de 1929.

[Les États-Unis, pays virtuellement en faillite]

Les États-Unis sont, à l’aube du 21e siècle, un pays virtuellement en faillite. L’ensemble de la dette se monte à 184% du PIB. Depuis 1995, la dette des particuliers augmente de 7,9% par an et celle des entreprises de 9,7%. La dette totale s'élève à 18 000 milliards de dollars: 3 400 pour l’État fédéral, 1 300 pour les administrations locales, 7 200 pour les « ménages » et 6 500 pour les entreprises non bancaires. Et Bush veut mener un nouveau programme de réduction d’impôts, qui implique de nouveaux déficits budgétaires (ou des réductions drastiques dans les dépenses sociales, ce qu’avait entamé Clinton). Les ménages sont de plus en plus endettés. L’épargne est devenue négative, ce qui signifie que les dépenses des consommateurs sont plus élevées que les revenus obtenus par ceux-ci
Aux États-Unis, la capitalisation boursière passe de 3 000 milliards en 1990 à 16 600 milliards en 1999. Entre 1991 et 1999, elle a connu une hausse de 19,2% par an. Une telle hausse n’a pas d’équivalent dans la production. Le Produit intérieur brut (PIB), qui estime la richesse marchande produite par le pays, n’a crû qu’en moyenne de 5,2% par an durant la même période (1991-1999). Ses marchés financiers sont donc surévalués. On l’a vu lors de la spectaculaire chute des cours des high-tech en 2000. Le NASDAQ (l’indice des placements boursiers de valeurs technologiques) a perdu alors entre 60 et 70% de sa valeur, ce qui signifie plus de 4 000 milliards de dollars partis en fumée.
La balance courante des États-Unis, soit les opérations avec l’étranger rapportant des revenus (commerce, services, intérêts, dividendes, transferts, etc.), est fortement déficitaire. Le déficit se monte à 445 milliards de dollars en 2000. Une telle situation ne peut exister que si 445 milliards de dollars ne reviennent, chaque année, aux États-Unis sous forme de capitaux, soit d’investissements de multinationales étrangères (européennes et asiatiques principalement), de placements boursiers, de prêts bancaires, etc. Comment croire que, chaque année, les capitalistes et rentiers « étrangers » vont investir 445 milliards de dollars supplémentaires? Surtout si l’économie américaine tombe en récession…

[L'hégémonie du dollar et l'hégémonie économique]

Son hégémonie économique dépend du dollar. Un dollar stable, qui attire les capitaux, et ainsi de suite. Mais cela peut complètement s’inverser. Si les capitaux n’affluent plus pour une raison ou une autre, la balance des paiements va devenir déficitaire. Dans ce cas, le dollar va voir sa valeur internationale dégringoler et donc enclencher une spirale négative. On ne sait pas où un tel processus pourrait s’arrêter.

[Sorties de crise et endettement]

Au niveau mondial, l’impérialisme américain ne peut plus trouver de « sorties à la crise » comme il l’a fait au cours des années soixante-dix et quatre-vingt en endettant le Tiers Monde. La dette des pays dominés s'élève à 2 141 milliards de dollars en 2000 et celle des pays d'Europe de l'Est, ex-URSS, etc., à 359 milliards. Ce qui fait un total de 2 500 milliards presque tout rond. Le service de la dette se monte à 338 milliards pour le tiers monde et 50 milliards pour les pays de l'Est européen. Il représente 21,8% des recettes d'exportation pour le tiers monde, avec une pointe de 49,6% pour les pays d'Amérique latine.
La « sortie de la crise » est aussi rendue de plus en plus difficile par les surcapacités existant dans des secteurs importants. Dans l’industrie automobile, les constructeurs sont capables de produire quelque 75 millions de véhicules chaque année. Mais les ventes ne dépassent pas les 56 millions en 1999. Il y a donc une surcapacité d’environ 20 millions de véhicules par an. La surcapacité en sidérurgie, selon les chiffres de l'OCDE, s'élève à 340 millions de tonnes d'acier brut en 1998, contre 150 millions en 1989.

[Les lois économiques du capitalisme monopoliste implacables poussent les grands monopoles vers la guerre.]

Les lois économiques du capitalisme monopoliste sont implacables. Si le système craque sous le poids de la surproduction et des crises, la soif du profit pousse les grands monopoles vers la guerre, l’ultime moyen pour « relancer la production » et faire de substantiels bénéfices grâce aux sacrifices imposés aux travailleurs…
À ce propos, le chroniqueur aux affaires étrangères du New York Times a dit une grande vérité avec une candeur désarmante. Thomas L. Friedman expliquait que le « marché libre globalisé » ne peut exister sans une force militaire à l’échelle internationale…
« Pour que la globalisation fonctionne, l’Amérique ne peut pas avoir peur d’agir comme la superpuissance qu’elle est. La main cachée du marché ne fonctionnera jamais sans un poing caché. McDonald’s ne peut pas prospérer sans McDonnell-Douglas, le concepteur du F-15. Et le poing caché qui protège les technologies de la Silicon Valley partout dans le monde, s’appelle l’armée des États-Unis, ses forces aérienne, terrestre et navale. »
Voilà ce qui éclairera ceux qui croient à la fable des chantres du capitalisme selon laquelle « marché libre et démocratie » vont main dans la main. Non, marché libre et guerre forment un couple inséparable…

Les États-Unis préparent des guerres à l’échelle planétaire

[Orientation vers le militarisme et la guerre]

La troisième caractéristique de l’actuelle phase de la crise générale de l’impérialisme est l’orientation vers le militarisme et la guerre.
Depuis la contre-révolution en Union Soviétique, l’impérialisme américain règne comme seule superpuissance sur le monde. Les États-Unis en ont immédiatement profité pour lancer une première guerre d’agression de portée stratégique contre l’Irak, visant le contrôle militaire des ressources pétrolières du Moyen Orient, surtout du Golfe et de l’Arabie Saoudite.
En 1991 nous avons analysé dans un document intitulé « La nouvelle guerre de cent ans », la signification de l’agression que la coalition impérialiste mondiale mena contre l’Irak. Ce que nous disions il y a dix ans se trouve confirmé et renforcé par la présente agression contre l’Afghanistan.
« La guerre du Golfe montre que l’Occident est prêt à mobiliser tous ses capitaux et toutes ses technologies pour perpétuer son empire d’exploitation et de terreur. L’impérialisme est devenu un système inhumain et diabolique dont le maintien est incompatible avec la simple survie de plusieurs milliards d’hommes dans le Tiers Monde. (…)
Les conditions de reddition imposées à l’Irak sont une preuve supplémentaire que la recolonisation économique du Tiers Monde est maintenant complétée pour une recolonisation politique et militaire. Nous revenons à l’esclavagisme colonial. (…) La grande victoire de la barbarie occidentale dans le Golfe et tout cet énorme vacarme autour du ‘devoir d’ingérence’, annoncent de nouvelles guerres. …
Les réactions populaires qui inondent le Tiers Monde depuis le début de l’holocauste irakien, annoncent une aube nouvelle pour l’humanité. Cinq siècles de génocides, de carnages et d’humiliations ont nourri chez les peuples opprimés la haine de leurs oppresseurs. En dépit de la terreur qu’organisent les régimes collaborateurs, les peuples s’organisent pour le combat. Ils s’efforcent de maîtriser la science et la technologie comme armes de leur libération. L’héroïsme dont font preuve aujourd’hui les peuples irakien et palestinien donnera un nouvel élan à la lutte de tous les peuples opprimés de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine et de tous les travailleurs du monde impérialiste. Quels que soient les méandres de la nouvelle guerre de cent ans, l’impérialisme court à sa perte et les peuples en sortiront finalement victorieux. »
Après l’agression de l’Irak, l’impérialisme américain a instigué plusieurs guerres en ex-URSS: en Géorgie, entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, en Tadjikistan, et surtout en Tchétchénie, guerres qui ont fait plusieurs centaines de milliers de victimes.
Dans sa quête pour la suprématie mondiale incontestable, l’impérialisme américain veut empêcher la Russie capitaliste de devenir un rival. L’Union soviétique éclatée, les États-Unis veulent encore démembrer la Russie. La guerre de Tchétchénie est une première tentative. En Tchétchénie, le principal chef rebelle, Basayev, a été formé en Afghanistan dans un camp financé par la CIA et dirigé par le « combattant de la liberté » Gulbuddin Hekmatyar… Basayev dirigea la première guerre de Tchétchénie en 1995. Son organisation avait des liens étroits avec les organisations de la mafia à Moscou et aussi avec les organisations mafieuses albanaises. Le « combattant de la liberté » Basayev était actif dans le commerce de la drogue, dans des réseaux internationaux de prostitution, dans la fabrication de faux dollars et dans le trafic de matériaux nucléaires… Voilà le portrait d’un combattant modèle du monde libre made in USA…
À partir de 1991, l’impérialisme allemand et américain ont provoqué des conflits armés entre les différentes nationalités de la Yougoslavie. Le but était de créer des prétextes pour introduire l’OTAN dans les Balkans et y établir des bases militaires. L’agression contre la Yougoslavie de 1998 a été une guerre terroriste qui a violé les principes de base de la Charte des Nations Unies. La Yougoslavie a subi pendant 76 jours des bombardements terroristes qui ont détruit usines, hôpitaux, ponts, stations d’électricité et tué des milliers de citoyens. Les dégâts matériels ont été estimés à au moins 100 milliards dollars! L’implantation de l’armée américaine dans les Balkans laisse prévoir de nouvelles guerres dans la région de la mer Caspienne pour le contrôle du pétrole et elle ouvre la possibilité d’une grande guerre contre la Russie.
L’Afrique a été particulièrement frappée depuis que la contre-révolution en Union Soviétique a instauré un nouveau rapport de force mondiales. Elle a connu l’agression américaine et alliée en Somalie en 1993. L’année suivante l’Afrique a vu se produire, au Rwanda, le génocide d’un million de Tutsi et de démocrates Hutu exécutés par les extrémistes ethno-fascistes hutu avec le soutien de la France. Depuis le 2 août 1998 jusqu’aujourd’hui, au cœur de l’Afrique, au Congo, une guerre d’agression et d’occupation soutenue par les États-Unis a complètement ravagé le pays au point que 3.750.000 Congolais ont déjà perdu la vie!
La guerre d’agression lancée par les États-Unis contre l’Afghanistan le 7 octobre est un nouveau développement de l’orientation américaine vers une guerre mondiale. Cette guerre contre Kaboul n’est pas directement liée aux attaques de New-York et de Washington: l’intervention américaine en Afghanistan pour contrôler les routes du pétrole de l’Asie centrale était déjà envisagée bien avant cet incident. L’ancien ministre pakistanais des Affaires étrangères, Niaz Naïk déclara en juillet 2001 que « des fonctionnaires américains lui avaient parlé d’un plan américain visant à lancer une action militaire pour renverser le régime taliban et installer à sa place un gouvernement d’Afghans « modérés ». Cela se ferait à partir de bases situées au Tadjikistan. On lui déclara que si l’action était maintenue, elle aurait lieu avant les neiges, vers la mi-octobre au plus tard.  »
Si, grâce à l’occupation de l’Afghanistan, l’impérialisme américain peut contrôler le pétrole de l’Asie centrale, ce mouvement exprime aussi l’hostilité envers la Chine, voire la Russie. La Chine avait des plans pour acheminer du pétrole de l’Asie centrale. Une présence militaire durable des États-Unis. dans la région rendra cela impossible. L’occupation de bases en Asie centrale fait aussi partie de la stratégie de l’encerclement de la Chine et de la Russie en vue de grandes guerres d’agression à venir.
L’orientation des États-Unis vers le militarisme, la guerre et le fascisme était déjà claire bien avant le 11 septembre. L’arrivée au pouvoir de Bush a été en réalité un coup d’État perpétré par les fractions les plus réactionnaires des grands monopoles américains et notamment ceux liés aux industries de guerre. C’est à coup de centaines de millions de dollars, de fraudes, et d’autres irrégularités que les multinationales ont décidé d’imposer un gouvernement de militaristes républicains. En effet, pour « sortir » de la crise qui ne cesse de s’aggraver, ces multinationales exigeaient un changement de cap radical vers la production militaire. Le président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat américain, Joseph Biden, a affirmé que le système de défense anti-missiles que Bush veut construire, pourrait coûter 500 milliards de dollars et il ne serait qu’à 90% effectif contre une attaque avec des missiles balistiques.
L’orientation des États-Unis vers la guerre et le fascisme est devenue particulièrement aiguë depuis le 11 septembre. Le chef d’état-major adjoint a affirmé que les États-Unis n’ont pas planifié des opérations militaires d’une telle ampleur depuis la Seconde guerre mondiale. Et cela contre un des pays les plus pauvres de la terre, ruiné depuis vingt ans par d’incessantes guerres! Ce qui indique bien que l’agression contre l’Afghanistan n’est qu’un « exercice » en prévision de grandes guerres d’une toute autre ampleur contre la Chine et éventuellement contre la Russie. D’ailleurs, le chef de l’état-major britannique a déclaré après deux semaines de bombardements que ce conflit « pourrait durer 50 ans »! Notons que l’orientation vers le fascisme se profile également dans la politique intérieur américaine. Bush a signé le 13 novembre un ordre militaire permettant « le jugement de terroristes présumés, de nationalité étrangère, par une cour militaire spéciale et non des juridictions civiles. » Les sources de l’accusation pourront rester secrètes, les accusés ne disposeront d’aucun recours et, comme l’écrit le New York Times, « les droits de la défense seront sévèrement limités. »
On peut dire qu’après le 11 septembre 2001, l’impérialisme américain, en annonçant une soi-disant « lutte contre le terrorisme international » qui durera des dizaines d’années, s’engagent dans la voie d’une dictature internationale de type fasciste.
Cette ligne politique a été présente au sein de la bourgeoisie monopoliste américaine dès la fin de la guerre antifasciste.
Dès 1944, les États-Unis ont laissé entrer environ 10.000 criminels de guerre nazie de haut rang, des Allemands, Ukrainiens, Lettons, Russes, etc. Beaucoup d’entre eux ont été engagés dans les services de renseignement, les services de propagande anticommunistes, les instituts de recherche. Le plus connu parmi eux était le général Gehlen, chef de l’espionnage nazi en Union soviétique, qui s’était rendu aux Américains. Selon les accords entre les Alliés, il devait être livré à l’Union Soviétique mais Washington décida… de l’engager dans les services de renseignements américains à qui il passa ses archives et ses collaborateurs! D’autres nazis engagés par les États-Unis étaient Klaus Barbie, Aloïs Brunner, nazi allemand tenu responsable pour la mort de 128.500 personnes, Otto von Bolschwing, un des principaux collaborateurs d’Eichmann et des centaines d’autres grands criminels.
En 1945 le général américain Patton proposa même de renverser les alliances et d’incorporer deux divisions de Waffen-SS dans la 3e armée américaine pour marcher sur Moscou!
Le 6 et le 9 août 1945, l’impérialisme américain détruisit Hiroshima et Nagasaki, faisant 443.000 morts dans une opération sans utilité militaire. C’était un véritable acte terroriste d’une ampleur jamais vue! L’utilisation de la bombe nucléaire était principalement un « avertissement » à l’Union soviétique. Le maréchal anglais Alain Brooke déclara que « Churchill se voyait déjà capable d’éliminer les principaux centres industriels de la Russie ».
La guerre d’agression contre la Corée déclenchée en 1950 participa de cette continuation américaine de la guerre anti-soviétique, anticommuniste livrée par les nazis. La Corée détruite et soumise, la politique du « roll back » s’attaquerait à la Chine, voire à l’Union soviétique. La terreur américain fit 5 millions de morts parmi les Coréens.
La guerre du Vietnam-Cambodge-Laos était dans la même logique et a coûté la vie à 4 millions d’hommes.
Mais l’impérialisme américain a rencontré, partout dans le monde, une résistance de plus en plus farouche au cours des années soixante-dix.
Le rapport de forces a été renversé de façon dramatique au cours des années quatre-vingt. Cela est dû à deux causes majeures. D’abord, la dégénérescence continue de l’Union Soviétique et la restauration du capitalisme qui s’en est suivi. Puis, dans les anciens pays colonisés, l’opportunisme de beaucoup de forces de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie qui avaient participé aux luttes de libération pour assurer leur propres intérêts et s’enrichir.
Dès la restauration du capitalisme en Union soviétique, nous avons vu l’impérialisme américain renouer avec sa politique de guerre pour la domination mondiale qu’il avait « hérité » en 1944 de l’Allemagne nazie.
Ce n’est pas un hasard que la Charte des Nations Unies, imposée par les grands combats de l’Union Soviétique et des peuples révolutionnaires à la suite de la guerre antifasciste, a immédiatement été jetée comme un chiffon de papier par les États-Unis.

Vers de grandes luttes révolutionnaires pour la paix, l’indépendance et le socialisme

Le début du XXe siècle a été caractérisé par l’émergence de grands monopoles capitalistes qui dominaient les différents secteurs des pays impérialistes. Mais le mode de production capitaliste n’avait pas encore pénétré profondément dans la plupart des pays et des territoires de l’Asie, de l’Amérique latine et de l’Afrique.
Le début du XXIe siècle est caractérisé par l’émergence de monopoles de dimension mondiale qui dominent leur secteur à l’échelle planétaire.
L’unification de l’Europe capitaliste a provoqué une vague jamais vue de concentrations. Les « fusions et acquisitions » en Europe ont monté en 1999 à 1.218 milliards de dollars et en 2.000 à 1.478 milliards. Il s’agit bien d’un saut qualitatif. Le montant maximal des années 80 a été 148 milliards de dollars. En 1996, on était arrivé à 253 milliards…
D’après le World Investment Report 1998, le nombre de fabricants de voitures opérant sur le marché mondial global diminuera de 15 à 10, voire 5. « Les hommes qui siègent dans les Conseils d’administration allemands craignent tous que s’ils n’arrivent pas à être parmi le Top Cinq des entreprises globales dans leur marché, ils ne seront plus compétitifs à l’avenir. »
Cette évolution économique fondamentale a trois conséquences.
D’abord, la lutte à mort entre les grands monopoles américains, européens et japonais sera de plus en plus féroce et elle se mènera sur tous les marchés de tous les continents.
Ensuite, les opprimés du monde entier acquerront la conscience que leur oppression et exploitation sont causées par les mêmes forces multinationales, « protégées » par les mêmes forces militaires. Le développement d’une conscience révolutionnaire internationaliste dans les masses est aujourd’hui possible et c’est une nécessité urgente.
Finalement, la contradiction entre ces monopoles globaux, soutenus par les différentes puissances impérialistes, et les pays dominés sera de plus en plus aiguë. Des parties des bourgeoisies locales dans les pays asiatiques, africaines et latino-américains se dresseront inévitablement contre la domination impérialiste.
L’expérience de la grande révolution chinoise a prouvé que seul le Parti communiste, s’appuyant sur la classe ouvrière, les paysans et la petite bourgeoisie patriotique, peut mener la révolution anti-impérialiste jusqu’au bout, jusqu’à la libération nationale et sociale.
Mais la globalisation et l’intensification actuelle de la domination impérialiste sur le monde entier, amènera inévitablement de nouvelles forces appartenant à la bourgeoisie, à combattre la domination impérialiste. La presse américaine donne des indications que Ben Laden représente bien autre chose qu’un petit groupe d’islamo-fascistes. L’éditorialiste américain William Pfaff: « L’Arabie Saoudite est aussi attaquée par les enfants de l’élite saoudienne, tels Mr. Ben Laden…, ennemis déclarés à la fois de l’Amérique et de leurs propres dirigeants qu’ils affirment corrompus. »
Le New York Times confirme que Ben Laden représente un courant important dans la grande bourgeoisie saoudienne: « Ils sont l’élite de la société saoudienne, des hommes prospères et respectés avec des investissements qui couvrent le monde entier et une réputation de générosité. Mais le gouvernement US affirme à présent qu’une des plus importantes personnalités, Yasi al-Qadi, et beaucoup d’autres citoyens saoudiens influents, ont transféré des millions de dollars à Oussama Ben Laden. »
Est-ce que nous sommes en présence d’une fraction de la grande bourgeoisie saoudienne qui est opposée aux 5.000 membres de l’élite dynastique parce qu’ils n’ont pas créé d’industrie et bloquent le développement économique du pays? Cette élite laisse le pays à l’abandon, mais sert l’impérialisme américain en plaçant mille milliards de dollars de revenus pétroliers dans les banques américaines, d’où l’orientation violemment anti-américaine de cette fraction. La chute du régime féodal pro-américain en Arabie-Saoudite et l’installation d’un régime anti-américain changerait toute la situation stratégique du Moyen-Orient et du Golfe.
La globalisation impérialiste qui pousse toutes les contradictions du monde impérialiste à son comble, produira inévitablement une contre-offensive globale de toutes les forces populaires écrasées par la misère, la surexploitation, la domination, la terreur et la guerre.
Plus que jamais, les trois grands courants révolutionnaires de notre époque doivent marcher main dans la main: la révolution démocratique et anti-impérialiste dans les pays dominés, la révolution socialiste dans les pays capitalistes et l’édification du socialisme dans les pays qui se sont arrachés à la domination impérialiste et à l’exploitation capitaliste.
Dans le monde, la conscience grandit que le mode de production capitaliste n’est plus compatible avec la simple survie de l’humanité, que l’impérialisme est réellement devenu un système génocidaire.
Jamais la contradiction n'a été aussi aiguë entre le caractère social de la production et le caractère privé de la propriété des moyens de production, propriété qui enferme ce potentiel productif dans le carcan intenable que lui impose la nécessité de maximaliser les bénéfices pour une classe infime de capitalistes.
Les usines et autres entreprises ne peuvent se multiplier et produire que dans la mesure où elles rapportent des bénéfices conséquents aux capitalistes, laissant la majeure partie de l’humanité - devenue superflue et inutile - végéter dans des situations inhumaines.
La contradiction s’aiguise entre d’un côté le développement fulgurant des forces de production et des technologies, permettant de réaliser des produits en nombre pratiquement illimité, et de l’autre côté l’étroitesse des marchés solvables, limités par la misère et la pauvreté de l’immense majorité de l’humanité. La « surproduction » devient chronique dans un monde où des milliards de personnes manquent de tout!
Le capitalisme ne peut assurer les bénéfices nécessaires d’une mince couche d’actionnaires qu’en détruisant la santé physique et mentale des travailleurs, qu’en maintenant l’obscurantisme, qu’en attisant des guerres civiles réactionnaires, qu’en entretenant des bandes fascistes, qu’en provoquant des génocides par la violence armée, par les embargos, par la famine, par l’extension non contrée des maladies et des épidémies…
L’humanité ne pourra se résigner plus longtemps à un sort aussi barbare et inhumain.
L’exploitation, l’exclusion et la terreur qui caractérisent la globalisation impérialiste, provoqueront certainement de nouvelles révolutions nationales, anti-impérialistes et de nouvelles révolutions socialistes sur une échelle plus large que celles qui ont marqué le vingtième siècle.
L’accomplissement de la révolution nationale et démocratique, dirigée par les forces communistes, révolutionnaires et anti-impérialistes, peut permettre au peuple victorieux d’entamer l’étape de la révolution socialiste. Affrontant toute la violence de l’impérialisme, qui n’est autre chose que le capitalisme des monopoles, les masses populaires des pays dominés se rendent compte que la voie capitaliste n’offre pas d’issue. L’expérience a montré que même les bourgeoisies nationales révolutionnaires, comme celle qui en Algérie a dirigé la guerre anticoloniale, n’a pas été en mesure de maintenir les conquêtes populaires. Mues par leurs intérêts égoïstes, des fractions de cette bourgeoisie sont passées l’une à après l’autre du côté de l’impérialisme, faisant retomber l’Algérie dans l’état d’une néocolonie.
Seule la classe ouvrière, en alliance avec toutes les classes laborieuses et les forces patriotiques, peut diriger de façon conséquente la révolution anti-impérialiste jusqu’au bout et préparer le passage futur à la révolution socialiste qui bannira toute forme d’exploitation de l’homme par l’homme.
Plus que jamais, dans les pays capitalistes, le socialisme est une nécessité absolue pour la survie, la dignité et le développement culturel et spirituel des masses populaires. Et plus que jamais, les développements technologiques rendent le socialisme possible.
Les temps sont révolus où une partie des masses des pays impérialistes pouvaient « profiter » des sur-profits réalisés dans les pays dominés. La sur-exploitation, le chômage, la répression, le racisme et le fascisme rendent la vie des masses de plus en plus dure. L’orientation d’une fraction importante de la grande bourgeoisie vers la guerre, comporte des dangers extrêmement graves pour tous les travailleurs.
À travers de longues luttes sur différents fronts, la classe ouvrière acquerra à nouveau une conscience de classe, une conscience que la liberté, le bien-être matériel et l’épanouissement culturel sont incompatibles avec la maintien du système capitaliste.
Le pouvoir de la classe ouvrière, s’appuyant sur les masses populaires, prenant toutes les mesures nécessaires pour éradiquer la dictature de la grande bourgeoisie, est la condition du changement du système économique et social. Les mesures draconiennes contre les forces de la barbarie capitaliste et impérialiste rendra pour la première fois possible la réalisation d’une démocratie réelle et agissante pour les masses populaires.
Le prodigieux développement des forces productives de ces dernières décennies a mis entre les mains de l’humanité un potentiel qui peut lui permettre d'arracher de leur arriération économique tous les peuples du monde. Grâce aux moyens qu'elle a acquis, la société peut rapidement venir à bout des maladies, de la faim et de la malnutrition, de l'analphabétisme et de l'ignorance. La condition est que la société se débarrasse de la camisole infernale dans laquelle la propriété privée enferme les moyens de production. La condition est la réorganisation sur des bases socialistes.

[Le marché libre c'est l'exploitation maximale des travailleurs]

Le marché libre, c’est la planification du profit maximum pour l’infime minorité qui possède les moyens de production. Aujourd’hui, le marché libre « planifie » l’exploitation maximale des travailleurs engagés dans les entreprises capitalistes, comme il « planifie » l’exclusion, la misère, la famine, la maladie pour quelques milliards d’êtres humains « superflus ». 60.000 multinationales planifient leur production et leurs ventes à l’échelle mondiale et leur implantation hors du pays d’origine ont réalisé en 1999 des ventes montant à 14 milliards de dollars.

[Le socialisme c'est la réponse aux besoins de l'ensemble des masses populaires]

Le socialisme basé sur la propriété collective des moyens de production, planifiera la production pour qu’elle réponde au maximum à tous les besoins de l’ensemble des masses populaires. Cette planification aura des aspects nationaux et supra-nationaux.
La planification et la gestion socialiste seront réalisées de façon rigoureuse, transparente et sous le contrôle populaire et cela dans le seul but de répondre au mieux aux intérêts et aux besoins matériels et culturels des masses populaires.
Le socialisme développera l’instruction populaire, les sciences et techniques, les moyens de productions, plus vite et à une échelle infiniment plus large que l’impérialisme le fait aujourd’hui.

[Solidarité avec les pays qui maintiennent farouchement leur indépendance]

Dans la situation internationale actuelle, la solidarité avec les pays qui maintiennent farouchement leur indépendance vis-à-vis de l’impérialisme tout en sauvegardant leur système socialiste, est essentielle. Dans une situation mondiale extrêmement difficile, quoiqu’ils connaissent certaines difficultés et contradictions comme tous les pays du Tiers Monde, Cuba, la Chine, La RPD de Corée, le Vietnam et le Laos représentent l’avenir de l’humanité.
En tant qu'internationalistes, les communistes ne combattent nullement les processus objectivement nécessaires de mondialisation.
En 1919, avec la fondation de la Troisième Internationale, les communistes constituaient la force la mieux organisée au niveau mondial. À cause de l’opportunisme et du révisionnisme, le mouvement communiste international s’est effrité.

[La globalisation impérialiste place tous les travailleurs du monde face aux mêmes ennemis.]

Or, la globalisation impérialiste place tous les ouvriers et tous les travailleurs du monde face aux mêmes ennemis. L’échange d’expériences et d’analyses, l’élaboration de politiques et l’organisation d’actions communes deviennent de plus en plus une nécessité pour les progrès de toutes les luttes. À la politique globale de l’impérialisme américain, de l’OTAN, du FMI, de la BM et de l’OMC, les opprimés du monde entier devront opposer une politique commune de libération et de développement.
Le Parti du Travail de Belgique apporte dans ce domaine une modeste contribution en organisant depuis 1992 chaque année, du 2 au 4 mai, un Séminaire Communiste International auquel près de 150 partis et organisations venant de l’Asie, de l’Afrique, de l’Amérique Latine, de l’Amérique du Nord, des anciens pays socialistes et de l’Europe ont participé.

[Le socialisme comme développement harmonieux et proportionné de toutes les régions du monde]

Le socialisme se réalisera en tant que système international de Républiques socialistes fédérées. Il sera guidé par les principes de la solidarité et de l’entraide pour mettre en commun de façon planifiée les progrès du développement. L’internationalisme prolétarien guidera le rapprochement des peuples, la liquidation de toutes les barrières ethniques ou nationales, la disparition des pratiques et comportements discriminatoires, et du chauvinisme, les échanges mutuellement avantageux entre les peuples, le partage des connaissances et du savoir débarrassé de toute considération mercantile, le développement harmonieux et proportionné de toutes les régions du monde, si sur cette base, la production obéit à un plan prenant en compte les besoins de tous les hommes dans le cadre de la coopération.

Notes de la pBMLm

Ce texte de Ludo Martens est très important car cette analyse contient les éléments essentiels suivants:
Cette analyse est juste car elle a anticipé les événements suivants:
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Contre-révolution et révolution au XXIe
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