Introduction
[deux 11 septembre]
Le 11
septembre 2001 a été d’abord l’anniversaire du coup
d’État organisé par l’impérialisme américain contre le
pouvoir nationaliste et démocratique d’Allende au
Chili. À partir du 11 septembre 1973, sous instigation
américaine, une vague de terrorisme a déferlé sur le
pays, provoquant la mort de 30 000 communistes,
révolutionnaires et patriotes chiliens.
Mais le 11
septembre 2001 est finalement devenu le jour où en Asie, en
Afrique et en Amérique les peuples se sont dit que les
crimes monstrueux que le système impérialiste leur fait
subir, seront tôt ou tard vengés…
Ce jour, l’unique
superpuissance, les États-Unis, qui se sont arrogés le droit
de régenter le monde entier, ont été frappés par une série
d’actes de guerre jamais vus dans l’histoire américaine. Les
symboles de la domination économique de l’impérialisme
américain sur le monde, les deux tours du Manhattan World
Trade Center, ont été détruites par des attentats ; le
Pentagone, qui planifie au coût de 300 milliards de dollars
par an, les guerres, interventions et opérations secrètes que
mènent les États-Unis dans le monde entier, a été frappé par
une grande force destructrice en plein cœur.
[le doute et l'espoir]
Si un cinéaste
célèbre avait proposé cet événement comme nœud d’un scénario,
il aurait reçu un refus net de toutes les maisons de
production américaines: « Un scénario pareil n’a aucune
crédibilité! » Le doute subsiste d’ailleurs si
ce scénario impossible a pu être exécuté sans complicité de
certains services secrets américains.
J’étais au Congo
ce jour-là. Vers 17h00, dans la rue, j’ai rencontré un
parlementaire qui, très excité, m’a embrassé et qui s’est
exclamé: « C’est une journée magnifique, magnifique! »
Ce soir-là, à Kinshasa, dans un quartier pauvre et sans
électricité de Barumbu, des gens assis devant leur maison dans
l’obscurité, commentaient l’événement: « Ben Laden, il est
devenu l’homme le plus fort du monde, les Américains
tremblent… »
Juvénal Sibomana,
un Congolais vivant en France, se trouvait le 11 septembre à
Bukavu, ville martyre occupée par l’armée rwandaise avec le
soutien américain. Sibomana témoigne: « À l'annonce de
l'attaque, tout le monde s'est précipité sur son poste de
télévision. Face aux images, beaucoup n'ont pu s'empêcher
d'applaudir. Tous étaient chrétiens. Ils continuaient de
jubiler: « Les Américains ressentent enfin ce que nous
ressentons lorsque des bombes rwandaises nous tombent
dessus. » Le soir même, la nouvelle s’est répandue jusqu'au
fin fond de la brousse comme une traînée de poudre… Et elle
sonnait comme une victoire. »
À Kinshasa, j’ai
reçu un courrier électronique m’apprenant la réaction du grand
artiste italien Dario Fo, prix Nobel de littérature 1997: «
Les grands spéculateurs se vautrent dans une économie qui
tue chaque année des dizaines de millions d’hommes par la
pauvreté ; alors que signifient 20 000 morts à New
York? Peu importe qui a fait le massacre, cette violence est
la fille légitime de la Culture de la violence, de la famine
et de l’exploitation inhumaine ».
La revue de la
grande bourgeoisie américaine Newsweek du 8 octobre a noté que
dans beaucoup de parties de notre monde, « les gens
étaient contents que la superpuissance mondiale à été
rabaissée d’un cran ». « Une manifestation pacifique à
Rio de Janeiro avait une banderole: « 150 000 morts à
Hiroshima: qui l’a fait? ». Une autre disait: « Une
minute de silence pour les morts américains, 59 minutes pour
les victimes de la politique américaine. » Andres
Hurtado, un journaliste célèbre en Colombie, écrit une lettre
ouverte aux États-Unis dans El Tiempo: « Que le ciel vous
aide à apprendre un peu d’humilité ». Rosemarie Muraro,
une féministe brésilienne, a comparé les attaques contre les
États-Unis à une révolte d’esclaves.
[Liquidation de l’impérialisme américain à l’échelle mondiale]
Le centre de la
puissance militaire américaine frappé en plein cœur, les deux
tours qui représentent la domination économique du monde par
le dollar réduits en ruines: le XXIe siècle commence par un
acte symbolique. Le XXe
siècle a été une répétition générale de la lutte planétaire
contre l’impérialisme et le capitalisme, pour l’indépendance
et le socialisme, le XXIe
siècle verra la liquidation de l’impérialisme et en
particulier de l’impérialisme américain à l’échelle
mondiale. C’est la thèse que nous avons défendue en 1997 à
l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de la grande
Révolution d’Octobre.
[Approfondissement et élargissement de toutes les contradictions du système impérialiste]
Ce qui est appelé
aujourd’hui « la globalisation » est pour l’essentiel
une nouvelle phase de la crise générale du système
impérialiste mondial, caractérisée par un
approfondissement et un élargissement de toutes les
contradictions qui le marquent depuis sa naissance au début
du vingtième siècle.
Cette nouvelle
phase a commencé avec le triomphe de la contre-révolution
en Union Soviétique et dans les pays socialistes de
l’Europe en 1989-1990. Elle a immédiatement été caractérisé
par la liquidation de facto du droit international adopté
dans la foulée de la victoire dans la guerre antifasciste
et par le déclenchement d’une série de guerres d’agression
de grande ampleur. Les États-Unis se sont engagés
dans la voie de la guerre à l’échelle planétaire.
Cette nouvelle
phase de la crise est également marquée par une aggravation
constante des crises économiques qui secouent l’économie
capitaliste et une limitation des « voies de secours »
encore possible pour le système capitaliste.
Révolution et contre-révolution en Union Soviétique
Abordons la
première caractéristique de la phase actuelle de la crise
générale de l’impérialisme: la restauration intégrale du
capitalisme en Union Soviétique et en Europe de l’Est au
cours des années 1989-1990 qui a enlevé un contrepoids à
l’impérialisme au niveau mondial et a plongé ces
pays dans des crises économiques et politiques terribles.
[La montée des forces révolutionnaires à l’échelle mondiale]
Pour bien situer
la contre-révolution en URSS, il faut d’abord évoquer la
montée des forces révolutionnaires à l’échelle mondiale au
cours de la première partie du XXe siècle.
Ce siècle avait
commencé en Europe avec la transformation du capitalisme
libéral en capitalisme des monopoles. Pour échapper
aux crises au niveau national et pour s’emparer de profits
maximaux, les monopoles poussaient leur gouvernement à
conquérir des colonies et y exportaient des capitaux. Crises
et rivalités ont finalement conduit à la première
guerre mondiale qui fit dix millions de morts et qui a
marqué la première phase de la crise générale du système
capitaliste international. Les partis
sociaux-démocrates, qui dirigeaient alors la classe
ouvrière, ont honteusement trahi les principes
révolutionnaires du marxisme pour rejoindre la grande
bourgeoisie belliciste et pour conduire les travailleurs à
la boucherie impérialiste.
[La direction de la lutte révolutionnaire par le parti bolchevique]
Seul le parti
bolchevique réussit à diriger la lutte révolutionnaire
jusqu’au renversement des classes réactionnaires, le tsarisme,
les propriétaires féodaux et ensuite les grands capitalistes.
Selon les lignes indiquées par Lénine, Staline dirigea à
partir de 1923 l’édification socialiste. Il a fait du parti
bolchevique un grand parti de masse qui a réalisé quatre
miracles: l’industrialisation socialiste, la
collectivisation et la modernisation de l’agriculture, la
révolution culturelle qui transforma un pays d’analphabètes
en un pays d’intellectuels et de travailleurs cultivés,
l’organisation d’une puissante armée rouge équipée des armes
les plus modernes.
[La seconde phase dans la crise générale du système impérialiste]
À partir de la
crise de 1929, les puissances impérialistes les moins bien
« servies » en colonies, se préparèrent à nouveau fébrilement
à la guerre. Ce fut le début de la seconde phase dans la
crise générale du système impérialiste. La seconde
guerre mondiale éclata en 1939. Une nouvelle fois la preuve
était faite que l’impérialisme conduit nécessairement à la
guerre. Grâce à la direction clairvoyante de Staline et du
Parti bolchevique et à l’héroïsme de l’armée rouge et des
masses travailleuses, l’Union soviétique est sortie
victorieuse de la plus grande et la plus terrible guerre que
l’histoire a connue. Le prestige du socialisme était au
zénith. Dans le monde entier, les ouvriers et paysans voyaient
qu’il y avait une alternative à l’exploitation et à la
barbarie du capitalisme et de l’impérialisme.
[L'affaiblissement du capitalisme mondial]
Le capitalisme
mondial était très affaibli avec les destructions que la
guerre avait causées en Europe. Et c’est ainsi que l’Union
Soviétique a réussi à imposer des principes démocratiques
dans la Charte de l’ONU, principes que
l’impérialisme n’avait jamais accepté et qu’il violera
d’ailleurs chaque fois que le rapport des forces le lui
permettra.
En 1949, dans la
foulée de la victoire sur le fascisme japonais, le peuple
chinois, sous la direction de Mao Zedong et du Parti
Communiste Chinois, est sorti vainqueur de 22 ans de guerres
anti-impérialistes et de guerres révolutionnaires: avec
la victoire du socialisme en Chine, le capitalisme et
l’impérialisme ont connu une seconde défaite stratégique
et le rapport des forces au niveau mondial s’est
transformé en faveur des peuples opprimés et des ouvriers.
Inspirés par la victoire de l’Union soviétique dans la guerre
antifasciste et par la libération de la Chine, le
mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière a connu un
essor dans le monde entier, les luttes
révolutionnaires pour l’indépendance ont déferlé de l’Inde
au monde arabe et à l’Afrique noire.
[Cassure de la ligne ascendante de la révolution mondiale, socialiste et anti-impérialiste à partir des années 1956-1960]
La ligne
ascendante de la révolution mondiale, c’est-à-dire de la
révolution socialiste et de la révolution anti-impérialiste,
nationale et démocratique, a été cassée à partir des
années 1956-1960, lorsque les tendances opportunistes ont
pris le pouvoir dans le Parti bolchevique. En effet, la
contre-révolution capitaliste de 1989-1990 a été préparée
idéologiquement et politiquement dès l’arrivée au pouvoir de
l’équipe Khrouchtchev en 1956. Celle-ci a initié une rupture
radicale avec la politique révolutionnaire suivie sous
Lénine et Staline. Tous les principes marxistes-léninistes
ont été liquidés l’un après l’autre. Les révisionnistes
ont déclaré que le socialisme avait définitivement
triomphé, qu’une restauration capitaliste était
devenue impossible, que la lutte des classes avait
cessé en Union soviétique et, par conséquent, que la
dictature du prolétariat contre la bourgeoise et les
éléments bourgeois n’était plus nécessaire.
Le combat
révolutionnaire contre l’impérialisme a été abandonné
depuis que Khrouchtchev a déclaré: « Nous voulons être
amis avec les États-Unis et coopérer avec eux dans la lutte
pour la paix et la sécurité des peuples. » L’éducation
révolutionnaire a été dénaturée fondamentalement pour être
finalement liquidée. Les idées et les comportements
bourgeois se sont installés parmi les dirigeants du
Parti et de l’État. Des principes de l’économie
capitaliste ont été progressivement réintroduits, à partir
du rétablissement du principe du profit capitaliste en 1965.
L’enrichissement personnel s’est développé de même
qu’un secteur d’économie capitaliste noire. La contre-révolution
en Union soviétique a été essentiellement l’œuvre
des forces réactionnaires et anticommunistes « soviétiques »
infiltrées dans le Parti et l’État. Staline avait toujours
souligné en son temps qu’une citadelle peut le plus
facilement être prise de l’intérieur…
Le cours
révisionniste à la tête du Parti et de l’État a aussi été
encouragé et aidé par les puissances impérialistes, qui en
même temps encourageaient et aidaient les mouvements
ouvertement réactionnaires de droite, voire fasciste.
[Restauration du capitalisme et conséquences hallucinantes pour les masses travailleuses]
La dégénérescence
idéologique, politique et économique a conduit en 1990
à la restauration intégrale du capitalisme dans ses formes
les plus sauvages. Les conséquences pour les
masses travailleuses ont été hallucinantes. La
production de l’ex-Union Soviétique était en 1999 à 57% de son
niveau de 1990 (et celle de l’Ukraine, même à 39%). Sa
population a diminué de 6 millions d’habitants en 8 ans, la
mortalité est deux fois plus importante que la natalité.
L’espérance de vie a chuté de 64 à 61 ans. 36 % de la
population a un revenu inférieur au minimum vital.
La Russie est
maintenant « tenue » par l’impérialisme grâce à des dettes
qui se montent à 200 milliards de dollars. Et on peut
mesurer l’importance des liens entre la grande bourgeoisie
mafieuse russe et le capitalisme international en observant
les 300 milliards de dollars de fuites de capitaux depuis 10
ans.
1
Il faut
aussi mesurer le chemin parcouru par la direction russe
actuelle pour se dégager de cet étau après avoir évincé
la clique Eltsine en grande partie note de la pbmlm
[L’élaboration et la mise en pratique déterminante d’une ligne politique et organisationnelle révolutionnaire]
L’expérience du XXe siècle a appris que l’élaboration
et la mise en pratique d’une ligne politique et
organisationnelle révolutionnaire est déterminante pour la
victoire de la cause du socialisme.
L’Union
Soviétique de Lénine et de Staline a dû affronter entre 1917
et 1953 des difficultés et des épreuves qu’aucun autre
peuple n’a connu au cours de l’histoire des luttes de
libération. Les difficultés étaient tellement énormes que
tous les opportunistes trouvaient des « arguments » pour
prédire l’impossibilité de la tâche. Les uns affirmaient
que l’Union soviétique n’était pas mûre pour le socialisme,
les autres qu’il était impossible de construire le socialisme
en un seul pays. Mais le formidable travail politique et
organisationnel réalisé sous la direction de Staline a
permis au peuple soviétique de vaincre les difficultés les
plus effrayantes.
L’expérience du XXe siècle a également appris
que l’adoption et la mise en pratique d’une ligne
politique et organisationnelle opportuniste mène à la
régression de la révolution et finalement à la destruction
de tous ses acquis et au rétablissement de la dictature de
la bourgeoisie.
Depuis 1968, nous
avons été confrontés à différents courants bourgeois à
phraséologie de « gauche » qui nous disaient qu’il était
impossible qu’un État socialiste de la dictature du
prolétariat dégénère au point de retourner au capitalisme,
sauf en cas de guerre civile contre-révolutionnaire ou
d’agression impérialiste. Tous ces opportunistes juraient que
Khrouchtchev et Brejnev avaient raison d’affirmer que le
socialisme avait définitivement triomphé en URSS et que la
restauration du capitalisme était désormais impossible. En
fait, ils aidaient la subversion bourgeoise et impérialiste
à parfaire son œuvre de minage de tout ce qui était encore
socialiste.
[Le camouflage des préparatifs de la restauration capitaliste]
À des moments
décisifs, les partisans de la contre-révolution recourent de
façon démagogique à des thèses « marxistes » ou
« léninistes » pour camoufler les préparatifs de la
restauration capitaliste. Et en même temps ils mènent
des campagnes virulentes et incessantes pour attaquer et
détruire tous les principes révolutionnaires, en prétendant
qu’ils s’opposent uniquement au soi-disant « stalinisme ».
Nous avons vu à
l’œuvre monsieur Gorbatchev qui à partir de 1985 prêchait
dans tous ses discours le « retour au léninisme »… pour
achever de façon systématique le travail de destruction entamé
par Khrouchtchev et Brejnev.
C’est en 1990,
au 28e Congrès du PCUS,
que Gorbatchev avoua publiquement que son combat contre le
« stalinisme » avait comme objectif principal la
restauration de l’économie du marché. Ce congrès a
proclamé officiellement la restauration du capitalisme.
Gorbatchev déclara: « Le régime stalinien totalitaire est
en voie d’être surmonté. Le diktat idéologique cède la place
à l’indépendance des esprits. » « Les avantages de
l’économie de marché ont été prouvés à l’échelle
universelle. (…) Le passage aux rapports de marché doit
constituer le principal contenu de la radicalisation de la
réforme économique ».
Or, c’est au nom
de la lutte contre le « stalinisme » que Gorbatchev et
Yakovlev ont non seulement restauré la capitalisme dans une
forme mafieuse, mais qu’ils ont aussi favorisé la renaissance
des mouvements fascistes en URSS et dans les pays socialistes
de l’Europe de l’Est.
[L’anti-stalinisme
emballé dans des mots « léninistes »]
Dans le monde
entier, beaucoup de progressistes et de révolutionnaires ont
été influencé d’une façon ou d’une autre par
l’anti-stalinisme emballé dans des mots « léninistes ».
L’histoire de la « Glasnost » nous a révélé la véritable
nature de cette démarche. Le député soviétique Youri Kariakine
déclara: « Comme beaucoup d’autres, j’étais contre Staline
mais pour Lénine. Mais si nous désirons changer pour de bon,
il faut remonter à la source. Et notre source est là: chez
chacun de nous, il y a du Marx, de l’Engels, du Lénine. Et
aussi du Staline ». L’idéologue en chef de la
« glasnost », Alexandre Yakovlev, expliqua que l’œuvre de
destruction politique et idéologique avait été
systématiquement et méthodiquement menée depuis de longues
années. Il affirma que le combat contre Staline visait en fait
tout l’héritage marxiste. « En politique, tout doit se
faire au moment adéquat. On ne peut pas ignorer l’état
d’esprit des gens. (…) Tout le monde affirme que Marx a créé
une doctrine sur l’homme. Non, il n’a rien créé de tel. Il a
créé une doctrine sur la lutte des classes que nous devons
abandonner. »
[La démagogie « léniniste » de Gorbatchev et la restauration du capitalisme]
Maintenant que
« tout est joué », nous pouvons facilement comprendre la
véritable nature de certaines forces qui excellent dans la
démagogie « de gauche ». En Belgique nous avons eu un
Ernest Mandel qui déclara: « La Pérestroïka est une
véritable nouvelle révolution. Notre mouvement avait défendu
la même thèse depuis 55 ans, on l’avait qualifié pour cette
raison de contre-révolutionnaire. Aujourd’hui, on comprend
mieux où se trouvaient les véritables
contre-révolutionnaires et où se trouvaient les véritables
révolutionnaires. » « Le réformateur Eltsine
représente la tendance qui veut réduire l’immense appareil
bureaucratique. Ainsi, il marche sur les traces de Trotsky.
» Lorsqu’en août 1991, Yannaiev tenta de mettre un arrêt à la
course folle au désastre par un coup d’État contre Gorbatchev,
Mandel écrivit: « Il fallait s’opposer au coup et, à ce
titre, lutter aux côtés de Yeltsine ».
La suite de la
démagogie « léniniste » de Gorbatchev et de son groupe est
connue: la restauration du capitalisme dans des formes
sauvages, mafieuses, le démantèlement de l’Union
soviétique, le déclenchement de guerres civiles
réactionnaires en Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan,
Tadjikistan, la prise de pouvoir par des forces fascistes
« islamistes » en Tchétchenie, etc.
[Les exemples
négatifs et positifs de l'Histoire, des années 1960-1990 et
1930-50]
Ainsi, l’histoire
des années 1960-1990 nous enseigne par des exemples négatifs,
tout comme l’histoire soviétique des années 1930-50 nous a
enseigné, sur les mêmes sujets, par des exemples positifs
d’une lutte ferme et implacable contre les ennemis du
socialisme et contre les complots impérialistes.
Après la
contre-révolution en Union Soviétique, j’ai relu le
compte-rendu du « Procès du bloc anti-soviétique des droitiers
et des trotskistes » qui a eu lieu en 1938. Lors de ce procès,
Boukharine, Trotsky et leurs adeptes ont été accusés
d’utiliser un langage pseudo-révolutionnaire pour attaquer
les fondements du régime socialiste. Ils présentaient
des plates-formes démagogiques qui servaient à rallier les
anciens bourgeois et féodaux et toutes les forces qui
voulaient le renversement du socialisme en URSS.
« Derrière le
clinquant de la phraséologie trotskiste et boukhariniste,
elles préparaient la restauration du capitalisme ». Pour
arriver à leurs fins, les opposants étaient entrés en
contact avec des puissances impérialistes, dont l’Allemagne
nazie, pour faciliter leur prise de pouvoir.
L’accusation affirma que « les droitiers et les
trotskistes sont un détachement avancé du fascisme
international », « un bloc des traîtres ».
« Ce procès
nous rappelle que deux mondes se dressent face à face, tels
deux ennemis mortels et irréconciliables, le monde du
capitalisme et le monde du socialisme. La logique des
antagonismes de classe pousse les restes des classes
exploiteuses à l’intérieur de l’URSS ainsi que les classes
exploiteuses au delà de nos frontières à des attaques
toujours plus acharnées contre l’État des travailleurs.
»
Le procès souligna
l’importance de l’activité de la social-démocratie
internationale, formation au service de l’impérialisme, qui
soutenait de toutes ses forces les comploteurs en URSS. Il
indiqua les relations entre les comploteurs et les services de
renseignement occidentaux. L’acte d’accusation mentionnait
aussi que les boukharinistes et trotskistes préparaient « la
séparation de l’Ukraine, de la Biélorussie et le
démembrement de l’Union soviétique ».
[Le programme des Gorbatchev et Eltsine est celui de leurs prédécesseurs Boukharine et Trotsky.]
Aujourd’hui, nous
nous rendons compte que Gorbatchev et Eltsine ont
effectivement réalisé presque intégralement le programme
pour lequel leurs prédécesseurs Boukharine et Trotsky ont
été condamnés en 1938. Depuis lors des hauts
fonctionnaires du temps de Gorbatchev se sont vantés qu’ils
complotaient avec les services de renseignements américains
depuis des dizaines d’années! Ce n’est donc pas un
détail que Gorbatchev a officiellement réhabilité aussi bien
Trotsky que Boukharine en 1990! C’était une reconnaissance
qu’il reprenait pour l’essentiel la démarche de ces deux
opportunistes et traîtres. Il est également très significatif
qu’un chef trotskiste comme Mandel a « reconnu » que
Gorbatchev « mettait en pratique » le programme de
l’internationale trotskiste et que Eltsine « luttait contre le
bureaucratisme » à la façon de Trotsky!
Des crises qui menacent les fondements de l’ordre impérialiste
La nouvelle
phase dans la crise générale du système impérialiste mondial
est également marquée par une aggravation des crises
économiques qui secouent l’économie capitaliste. C’est
sa deuxième caractéristique.
L’économie
américaine surtout vit sur des bombes économiques. Les
États-Unis s’acheminent vers une crise économique qui fera
craquer le monde avec un fracas plus étourdissant que la
crise de 1929.
[Les États-Unis, pays virtuellement en faillite]
Les États-Unis
sont, à l’aube du 21e
siècle, un pays virtuellement en faillite. L’ensemble de
la dette se monte à 184% du PIB. Depuis 1995, la dette des
particuliers augmente de 7,9% par an et celle des entreprises
de 9,7%. La dette totale s'élève à 18 000 milliards de
dollars: 3 400 pour l’État fédéral, 1 300 pour les
administrations locales, 7 200 pour les « ménages » et
6 500 pour les entreprises non bancaires. Et Bush veut
mener un nouveau programme de réduction d’impôts, qui implique
de nouveaux déficits budgétaires (ou des réductions drastiques
dans les dépenses sociales, ce qu’avait entamé Clinton). Les
ménages sont de plus en plus endettés. L’épargne est devenue
négative, ce qui signifie que les dépenses des consommateurs
sont plus élevées que les revenus obtenus par ceux-ci
Aux États-Unis, la
capitalisation boursière passe de 3 000 milliards en 1990
à 16 600 milliards en 1999. Entre 1991 et 1999, elle a
connu une hausse de 19,2% par an. Une telle hausse n’a pas
d’équivalent dans la production. Le Produit intérieur brut
(PIB), qui estime la richesse marchande produite par le pays,
n’a crû qu’en moyenne de 5,2% par an durant la même période
(1991-1999). Ses marchés financiers sont donc surévalués. On
l’a vu lors de la spectaculaire chute des cours des high-tech
en 2000. Le NASDAQ (l’indice des placements boursiers de
valeurs technologiques) a perdu alors entre 60 et 70% de sa
valeur, ce qui signifie plus de 4 000 milliards de
dollars partis en fumée.
La balance
courante des États-Unis, soit les opérations avec l’étranger
rapportant des revenus (commerce, services, intérêts,
dividendes, transferts, etc.), est fortement déficitaire. Le
déficit se monte à 445 milliards de dollars en 2000. Une telle
situation ne peut exister que si 445 milliards de dollars ne
reviennent, chaque année, aux États-Unis sous forme de
capitaux, soit d’investissements de multinationales étrangères
(européennes et asiatiques principalement), de placements
boursiers, de prêts bancaires, etc. Comment croire que, chaque
année, les capitalistes et rentiers « étrangers » vont
investir 445 milliards de dollars supplémentaires? Surtout si
l’économie américaine tombe en récession…
[L'hégémonie du dollar et l'hégémonie économique]
Son hégémonie
économique dépend du dollar. Un dollar stable, qui attire les
capitaux, et ainsi de suite. Mais cela peut complètement
s’inverser. Si les capitaux n’affluent plus pour une raison ou
une autre, la balance des paiements va devenir déficitaire.
Dans ce cas, le dollar va voir sa valeur internationale
dégringoler et donc enclencher une spirale négative. On ne
sait pas où un tel processus pourrait s’arrêter.
[Sorties de crise et endettement]
Au niveau mondial,
l’impérialisme américain ne peut plus trouver de « sorties à
la crise » comme il l’a fait au cours des années soixante-dix
et quatre-vingt en endettant le Tiers Monde. La dette
des pays dominés s'élève à 2 141 milliards de dollars en
2000 et celle des pays d'Europe de l'Est, ex-URSS, etc., à 359
milliards. Ce qui fait un total de 2 500 milliards
presque tout rond. Le service de la dette se monte à 338
milliards pour le tiers monde et 50 milliards pour les pays de
l'Est européen. Il représente 21,8% des recettes d'exportation
pour le tiers monde, avec une pointe de 49,6% pour les pays
d'Amérique latine.
La « sortie de la
crise » est aussi rendue de plus en plus difficile par les
surcapacités existant dans des secteurs importants. Dans
l’industrie automobile, les constructeurs sont capables de
produire quelque 75 millions de véhicules chaque année. Mais
les ventes ne dépassent pas les 56 millions en 1999. Il y a
donc une surcapacité d’environ 20 millions de véhicules par
an. La surcapacité en sidérurgie, selon les chiffres de
l'OCDE, s'élève à 340 millions de tonnes d'acier brut en 1998,
contre 150 millions en 1989.
[Les lois économiques du capitalisme monopoliste implacables poussent les grands monopoles vers la guerre.]
Les lois
économiques du capitalisme monopoliste sont implacables. Si le
système craque sous le poids de la surproduction et des
crises, la soif du profit pousse les grands monopoles vers la
guerre, l’ultime moyen pour « relancer la production » et
faire de substantiels bénéfices grâce aux sacrifices imposés
aux travailleurs…
À ce propos, le
chroniqueur aux affaires étrangères du New York Times a dit
une grande vérité avec une candeur désarmante. Thomas L.
Friedman expliquait que le « marché libre globalisé » ne peut
exister sans une force militaire à l’échelle internationale…
« Pour que la
globalisation fonctionne, l’Amérique ne peut pas avoir peur
d’agir comme la superpuissance qu’elle est. La main cachée
du marché ne fonctionnera jamais sans un poing caché.
McDonald’s ne peut pas prospérer sans McDonnell-Douglas, le
concepteur du F-15. Et le poing caché qui protège les
technologies de la Silicon Valley partout dans le monde,
s’appelle l’armée des États-Unis, ses forces aérienne,
terrestre et navale. »
Voilà ce qui
éclairera ceux qui croient à la fable des chantres du
capitalisme selon laquelle « marché libre et démocratie » vont
main dans la main. Non, marché libre et guerre forment un
couple inséparable…
Les États-Unis préparent des guerres à l’échelle planétaire
[Orientation vers le militarisme et la guerre]
La troisième
caractéristique de l’actuelle phase de la crise générale de
l’impérialisme est l’orientation vers le militarisme et la
guerre.
Depuis la
contre-révolution en Union Soviétique, l’impérialisme
américain règne comme seule superpuissance sur le monde. Les
États-Unis en ont immédiatement profité pour lancer une
première guerre d’agression de portée stratégique contre
l’Irak, visant le contrôle militaire des ressources
pétrolières du Moyen Orient, surtout du Golfe et de l’Arabie
Saoudite.
En 1991 nous avons
analysé dans un document intitulé « La nouvelle guerre de
cent ans », la signification de l’agression que la
coalition impérialiste mondiale mena contre l’Irak. Ce que
nous disions il y a dix ans se trouve confirmé et renforcé par
la présente agression contre l’Afghanistan.
« La guerre du
Golfe montre que l’Occident est prêt à mobiliser tous ses
capitaux et toutes ses technologies pour perpétuer son
empire d’exploitation et de terreur. L’impérialisme est
devenu un système inhumain et diabolique dont le maintien
est incompatible avec la simple survie de plusieurs
milliards d’hommes dans le Tiers Monde. (…)
Les conditions
de reddition imposées à l’Irak sont une preuve
supplémentaire que la recolonisation économique du Tiers
Monde est maintenant complétée pour une recolonisation
politique et militaire. Nous revenons à l’esclavagisme
colonial. (…) La grande victoire de la barbarie occidentale
dans le Golfe et tout cet énorme vacarme autour du ‘devoir
d’ingérence’, annoncent de nouvelles guerres. …
Les réactions
populaires qui inondent le Tiers Monde depuis le début de
l’holocauste irakien, annoncent une aube nouvelle pour
l’humanité. Cinq siècles de génocides, de carnages et
d’humiliations ont nourri chez les peuples opprimés la haine
de leurs oppresseurs. En dépit de la terreur qu’organisent
les régimes collaborateurs, les peuples s’organisent pour le
combat. Ils s’efforcent de maîtriser la science et la
technologie comme armes de leur libération. L’héroïsme dont
font preuve aujourd’hui les peuples irakien et palestinien
donnera un nouvel élan à la lutte de tous les peuples
opprimés de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine et
de tous les travailleurs du monde impérialiste. Quels que
soient les méandres de la nouvelle guerre de cent ans,
l’impérialisme court à sa perte et les peuples en sortiront
finalement victorieux. »
Après l’agression
de l’Irak, l’impérialisme américain a instigué plusieurs
guerres en ex-URSS: en Géorgie, entre l’Arménie et
l’Azerbaïdjan, en Tadjikistan, et surtout en Tchétchénie,
guerres qui ont fait plusieurs centaines de milliers de
victimes.
Dans sa quête pour
la suprématie mondiale incontestable, l’impérialisme
américain veut empêcher la Russie capitaliste de devenir un
rival. L’Union soviétique éclatée, les États-Unis
veulent encore démembrer la Russie. La guerre de
Tchétchénie est une première tentative. En Tchétchénie, le
principal chef rebelle, Basayev, a été formé en Afghanistan
dans un camp financé par la CIA et dirigé par le « combattant
de la liberté » Gulbuddin Hekmatyar… Basayev dirigea la
première guerre de Tchétchénie en 1995. Son organisation avait
des liens étroits avec les organisations de la mafia à Moscou
et aussi avec les organisations mafieuses albanaises. Le
« combattant de la liberté » Basayev était actif dans le
commerce de la drogue, dans des réseaux internationaux de
prostitution, dans la fabrication de faux dollars et dans le
trafic de matériaux nucléaires… Voilà le portrait d’un
combattant modèle du monde libre made in USA…
À partir de 1991,
l’impérialisme allemand et américain ont provoqué des conflits
armés entre les différentes nationalités de la Yougoslavie. Le
but était de créer des prétextes pour introduire l’OTAN
dans les Balkans et y établir des bases militaires.
L’agression contre la Yougoslavie de 1998 a été une guerre
terroriste qui a violé les principes de base de la Charte des
Nations Unies. La Yougoslavie a subi pendant 76 jours des
bombardements terroristes qui ont détruit usines, hôpitaux,
ponts, stations d’électricité et tué des milliers de citoyens.
Les dégâts matériels ont été estimés à au moins 100 milliards
dollars! L’implantation de l’armée américaine dans les
Balkans laisse prévoir de nouvelles guerres dans la région
de la mer Caspienne pour le contrôle du pétrole et elle
ouvre la possibilité d’une grande guerre contre la Russie.
L’Afrique a été
particulièrement frappée depuis que la contre-révolution en
Union Soviétique a instauré un nouveau rapport de force
mondiales. Elle a connu l’agression américaine et alliée en
Somalie en 1993. L’année suivante l’Afrique a vu se produire,
au Rwanda, le génocide d’un million de Tutsi et de démocrates
Hutu exécutés par les extrémistes ethno-fascistes hutu avec le
soutien de la France. Depuis le 2 août 1998 jusqu’aujourd’hui,
au cœur de l’Afrique, au Congo, une guerre d’agression et
d’occupation soutenue par les États-Unis a complètement ravagé
le pays au point que 3.750.000 Congolais ont déjà perdu la
vie!
La guerre
d’agression lancée par les États-Unis contre l’Afghanistan le
7 octobre est un nouveau développement de l’orientation
américaine vers une guerre mondiale. Cette guerre contre
Kaboul n’est pas directement liée aux attaques de New-York et
de Washington: l’intervention américaine en Afghanistan
pour contrôler les routes du pétrole de l’Asie centrale
était déjà envisagée bien avant cet incident. L’ancien
ministre pakistanais des Affaires étrangères, Niaz Naïk
déclara en juillet 2001 que « des fonctionnaires américains
lui avaient parlé d’un plan américain visant à lancer une
action militaire pour renverser le régime taliban et
installer à sa place un gouvernement d’Afghans « modérés ».
Cela se ferait à partir de bases situées au Tadjikistan. On
lui déclara que si l’action était maintenue, elle aurait
lieu avant les neiges, vers la mi-octobre au plus tard.
»
Si, grâce à
l’occupation de l’Afghanistan, l’impérialisme américain peut
contrôler le pétrole de l’Asie centrale, ce mouvement exprime
aussi l’hostilité envers la Chine, voire la Russie. La
Chine avait des plans pour acheminer du pétrole de l’Asie
centrale. Une présence militaire durable des États-Unis. dans
la région rendra cela impossible. L’occupation de bases en
Asie centrale fait aussi partie de la stratégie de
l’encerclement de la Chine et de la Russie en vue de grandes
guerres d’agression à venir.
L’orientation des
États-Unis vers le militarisme, la guerre et le fascisme était
déjà claire bien avant le 11 septembre. L’arrivée au pouvoir
de Bush a été en réalité un coup d’État perpétré par les
fractions les plus réactionnaires des grands monopoles
américains et notamment ceux liés aux industries de guerre.
C’est à coup de centaines de millions de dollars, de fraudes,
et d’autres irrégularités que les multinationales ont décidé
d’imposer un gouvernement de militaristes républicains. En
effet, pour « sortir » de la crise qui ne cesse de s’aggraver,
ces multinationales exigeaient un changement de cap radical
vers la production militaire. Le président de la Commission
des Affaires étrangères du Sénat américain, Joseph Biden, a
affirmé que le système de défense anti-missiles que Bush veut
construire, pourrait coûter 500 milliards de dollars et il ne
serait qu’à 90% effectif contre une attaque avec des missiles
balistiques.
L’orientation des
États-Unis vers la guerre et le fascisme est devenue
particulièrement aiguë depuis le 11 septembre. Le chef
d’état-major adjoint a affirmé que les États-Unis n’ont pas
planifié des opérations militaires d’une telle ampleur depuis
la Seconde guerre mondiale. Et cela contre un des pays les
plus pauvres de la terre, ruiné depuis vingt ans par
d’incessantes guerres! Ce qui indique bien que l’agression
contre l’Afghanistan n’est qu’un « exercice » en prévision de
grandes guerres d’une toute autre ampleur contre la Chine et
éventuellement contre la Russie. D’ailleurs, le chef de
l’état-major britannique a déclaré après deux semaines de
bombardements que ce conflit « pourrait durer 50 ans »! Notons
que l’orientation vers le fascisme se profile également dans
la politique intérieur américaine. Bush a signé le 13 novembre
un ordre militaire permettant « le jugement de terroristes
présumés, de nationalité étrangère, par une cour militaire
spéciale et non des juridictions civiles. » Les sources de
l’accusation pourront rester secrètes, les accusés ne
disposeront d’aucun recours et, comme l’écrit le New York
Times, « les droits de la défense seront sévèrement limités. »
On peut dire
qu’après le 11 septembre 2001, l’impérialisme américain, en
annonçant une soi-disant « lutte contre le terrorisme
international » qui durera des dizaines d’années, s’engagent
dans la voie d’une dictature internationale de type fasciste.
Cette ligne
politique a été présente au sein de la bourgeoisie monopoliste
américaine dès la fin de la guerre antifasciste.
Dès 1944, les
États-Unis ont laissé entrer environ 10.000 criminels de
guerre nazie de haut rang, des Allemands, Ukrainiens, Lettons,
Russes, etc. Beaucoup d’entre eux ont été engagés dans les
services de renseignement, les services de propagande
anticommunistes, les instituts de recherche. Le plus connu
parmi eux était le général Gehlen, chef de l’espionnage nazi
en Union soviétique, qui s’était rendu aux Américains. Selon
les accords entre les Alliés, il devait être livré à l’Union
Soviétique mais Washington décida… de l’engager dans les
services de renseignements américains à qui il passa ses
archives et ses collaborateurs! D’autres nazis engagés par les
États-Unis étaient Klaus Barbie, Aloïs Brunner, nazi allemand
tenu responsable pour la mort de 128.500 personnes, Otto von
Bolschwing, un des principaux collaborateurs d’Eichmann et des
centaines d’autres grands criminels.
En 1945 le général
américain Patton proposa même de renverser les alliances et
d’incorporer deux divisions de Waffen-SS dans la 3e armée américaine pour
marcher sur Moscou!
Le 6 et le 9 août
1945, l’impérialisme américain détruisit Hiroshima et
Nagasaki, faisant 443.000 morts dans une opération sans
utilité militaire. C’était un véritable acte terroriste d’une
ampleur jamais vue! L’utilisation de la bombe nucléaire était
principalement un « avertissement » à l’Union soviétique. Le
maréchal anglais Alain Brooke déclara que « Churchill se
voyait déjà capable d’éliminer les principaux centres
industriels de la Russie ».
La guerre
d’agression contre la Corée déclenchée en 1950 participa de
cette continuation américaine de la guerre anti-soviétique,
anticommuniste livrée par les nazis. La Corée détruite et
soumise, la politique du « roll back » s’attaquerait à la
Chine, voire à l’Union soviétique. La terreur américain fit 5
millions de morts parmi les Coréens.
La guerre du
Vietnam-Cambodge-Laos était dans la même logique et a coûté la
vie à 4 millions d’hommes.
Mais
l’impérialisme américain a rencontré, partout dans le monde,
une résistance de plus en plus farouche au cours des années
soixante-dix.
Le rapport de
forces a été renversé de façon dramatique au cours des années
quatre-vingt. Cela est dû à deux causes majeures. D’abord, la
dégénérescence continue de l’Union Soviétique et la
restauration du capitalisme qui s’en est suivi. Puis, dans les
anciens pays colonisés, l’opportunisme de beaucoup de forces
de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie qui avaient
participé aux luttes de libération pour assurer leur propres
intérêts et s’enrichir.
Dès la
restauration du capitalisme en Union soviétique, nous avons vu
l’impérialisme américain renouer avec sa politique de guerre
pour la domination mondiale qu’il avait « hérité » en 1944 de
l’Allemagne nazie.
Ce n’est pas un
hasard que la Charte des Nations Unies, imposée par les grands
combats de l’Union Soviétique et des peuples révolutionnaires
à la suite de la guerre antifasciste, a immédiatement été
jetée comme un chiffon de papier par les États-Unis.
Vers de grandes luttes révolutionnaires pour la paix, l’indépendance et le socialisme
Le début du XXe siècle a été caractérisé
par l’émergence de grands monopoles capitalistes qui
dominaient les différents secteurs des pays impérialistes.
Mais le mode de production capitaliste n’avait pas encore
pénétré profondément dans la plupart des pays et des
territoires de l’Asie, de l’Amérique latine et de l’Afrique.
Le début du XXIe siècle est caractérisé
par l’émergence de monopoles de dimension mondiale qui
dominent leur secteur à l’échelle planétaire.
L’unification de
l’Europe capitaliste a provoqué une vague jamais vue de
concentrations. Les « fusions et acquisitions » en Europe ont
monté en 1999 à 1.218 milliards de dollars et en 2.000 à 1.478
milliards. Il s’agit bien d’un saut qualitatif. Le montant
maximal des années 80 a été 148 milliards de dollars. En 1996,
on était arrivé à 253 milliards…
D’après le World
Investment Report 1998, le nombre de fabricants de voitures
opérant sur le marché mondial global diminuera de 15 à 10,
voire 5. « Les hommes qui siègent dans les Conseils
d’administration allemands craignent tous que s’ils n’arrivent
pas à être parmi le Top Cinq des entreprises globales dans
leur marché, ils ne seront plus compétitifs à l’avenir. »
Cette évolution
économique fondamentale a trois conséquences.
D’abord, la lutte
à mort entre les grands monopoles américains, européens et
japonais sera de plus en plus féroce et elle se mènera sur
tous les marchés de tous les continents.
Ensuite, les
opprimés du monde entier acquerront la conscience que leur
oppression et exploitation sont causées par les mêmes forces
multinationales, « protégées » par les mêmes forces
militaires. Le développement d’une conscience révolutionnaire
internationaliste dans les masses est aujourd’hui possible et
c’est une nécessité urgente.
Finalement, la
contradiction entre ces monopoles globaux, soutenus par les
différentes puissances impérialistes, et les pays dominés sera
de plus en plus aiguë. Des parties des bourgeoisies locales
dans les pays asiatiques, africaines et latino-américains se
dresseront inévitablement contre la domination impérialiste.
L’expérience de la
grande révolution chinoise a prouvé que seul le Parti
communiste, s’appuyant sur la classe ouvrière, les paysans et
la petite bourgeoisie patriotique, peut mener la révolution
anti-impérialiste jusqu’au bout, jusqu’à la libération
nationale et sociale.
Mais la
globalisation et l’intensification actuelle de la domination
impérialiste sur le monde entier, amènera inévitablement de
nouvelles forces appartenant à la bourgeoisie, à combattre la
domination impérialiste. La presse américaine donne des
indications que Ben Laden représente bien autre chose qu’un
petit groupe d’islamo-fascistes. L’éditorialiste américain
William Pfaff: « L’Arabie Saoudite est aussi attaquée par les
enfants de l’élite saoudienne, tels Mr. Ben Laden…, ennemis
déclarés à la fois de l’Amérique et de leurs propres
dirigeants qu’ils affirment corrompus. »
Le New York Times
confirme que Ben Laden représente un courant important dans la
grande bourgeoisie saoudienne: « Ils sont l’élite de la
société saoudienne, des hommes prospères et respectés avec des
investissements qui couvrent le monde entier et une réputation
de générosité. Mais le gouvernement US affirme à présent
qu’une des plus importantes personnalités, Yasi al-Qadi, et
beaucoup d’autres citoyens saoudiens influents, ont transféré
des millions de dollars à Oussama Ben Laden. »
Est-ce que nous
sommes en présence d’une fraction de la grande bourgeoisie
saoudienne qui est opposée aux 5.000 membres de l’élite
dynastique parce qu’ils n’ont pas créé d’industrie et bloquent
le développement économique du pays? Cette élite laisse le
pays à l’abandon, mais sert l’impérialisme américain en
plaçant mille milliards de dollars de revenus pétroliers dans
les banques américaines, d’où l’orientation violemment
anti-américaine de cette fraction. La chute du régime féodal
pro-américain en Arabie-Saoudite et l’installation d’un régime
anti-américain changerait toute la situation stratégique du
Moyen-Orient et du Golfe.
La globalisation
impérialiste qui pousse toutes les contradictions du monde
impérialiste à son comble, produira inévitablement une
contre-offensive globale de toutes les forces populaires
écrasées par la misère, la surexploitation, la domination, la
terreur et la guerre.
Plus que jamais,
les trois grands courants révolutionnaires de notre époque
doivent marcher main dans la main: la révolution démocratique
et anti-impérialiste dans les pays dominés, la révolution
socialiste dans les pays capitalistes et l’édification du
socialisme dans les pays qui se sont arrachés à la domination
impérialiste et à l’exploitation capitaliste.
Dans le monde, la
conscience grandit que le mode de production capitaliste n’est
plus compatible avec la simple survie de l’humanité, que
l’impérialisme est réellement devenu un système génocidaire.
Jamais la
contradiction n'a été aussi aiguë entre le caractère social de
la production et le caractère privé de la propriété des moyens
de production, propriété qui enferme ce potentiel productif
dans le carcan intenable que lui impose la nécessité de
maximaliser les bénéfices pour une classe infime de
capitalistes.
Les usines et
autres entreprises ne peuvent se multiplier et produire que
dans la mesure où elles rapportent des bénéfices conséquents
aux capitalistes, laissant la majeure partie de l’humanité -
devenue superflue et inutile - végéter dans des situations
inhumaines.
La contradiction
s’aiguise entre d’un côté le développement fulgurant des
forces de production et des technologies, permettant de
réaliser des produits en nombre pratiquement illimité, et de
l’autre côté l’étroitesse des marchés solvables, limités par
la misère et la pauvreté de l’immense majorité de l’humanité.
La « surproduction » devient chronique dans un monde où des
milliards de personnes manquent de tout!
Le capitalisme ne
peut assurer les bénéfices nécessaires d’une mince couche
d’actionnaires qu’en détruisant la santé physique et mentale
des travailleurs, qu’en maintenant l’obscurantisme, qu’en
attisant des guerres civiles réactionnaires, qu’en entretenant
des bandes fascistes, qu’en provoquant des génocides par la
violence armée, par les embargos, par la famine, par
l’extension non contrée des maladies et des épidémies…
L’humanité ne
pourra se résigner plus longtemps à un sort aussi barbare et
inhumain.
L’exploitation,
l’exclusion et la terreur qui caractérisent la globalisation
impérialiste, provoqueront certainement de nouvelles
révolutions nationales, anti-impérialistes et de nouvelles
révolutions socialistes sur une échelle plus large que celles
qui ont marqué le vingtième siècle.
L’accomplissement
de la révolution nationale et démocratique, dirigée par les
forces communistes, révolutionnaires et anti-impérialistes,
peut permettre au peuple victorieux d’entamer l’étape de la
révolution socialiste. Affrontant toute la violence de
l’impérialisme, qui n’est autre chose que le capitalisme des
monopoles, les masses populaires des pays dominés se rendent
compte que la voie capitaliste n’offre pas d’issue.
L’expérience a montré que même les bourgeoisies nationales
révolutionnaires, comme celle qui en Algérie a dirigé la
guerre anticoloniale, n’a pas été en mesure de maintenir les
conquêtes populaires. Mues par leurs intérêts égoïstes, des
fractions de cette bourgeoisie sont passées l’une à après
l’autre du côté de l’impérialisme, faisant retomber l’Algérie
dans l’état d’une néocolonie.
Seule la classe
ouvrière, en alliance avec toutes les classes laborieuses et
les forces patriotiques, peut diriger de façon conséquente la
révolution anti-impérialiste jusqu’au bout et préparer le
passage futur à la révolution socialiste qui bannira toute
forme d’exploitation de l’homme par l’homme.
Plus que jamais,
dans les pays capitalistes, le socialisme est une nécessité
absolue pour la survie, la dignité et le développement
culturel et spirituel des masses populaires. Et plus que
jamais, les développements technologiques rendent le
socialisme possible.
Les temps sont
révolus où une partie des masses des pays impérialistes
pouvaient « profiter » des sur-profits réalisés dans les pays
dominés. La sur-exploitation, le chômage, la répression, le
racisme et le fascisme rendent la vie des masses de plus en
plus dure. L’orientation d’une fraction importante de la
grande bourgeoisie vers la guerre, comporte des dangers
extrêmement graves pour tous les travailleurs.
À travers de
longues luttes sur différents fronts, la classe ouvrière
acquerra à nouveau une conscience de classe, une conscience
que la liberté, le bien-être matériel et l’épanouissement
culturel sont incompatibles avec la maintien du système
capitaliste.
Le pouvoir de la
classe ouvrière, s’appuyant sur les masses populaires, prenant
toutes les mesures nécessaires pour éradiquer la dictature de
la grande bourgeoisie, est la condition du changement du
système économique et social. Les mesures draconiennes contre
les forces de la barbarie capitaliste et impérialiste rendra
pour la première fois possible la réalisation d’une démocratie
réelle et agissante pour les masses populaires.
Le prodigieux
développement des forces productives de ces dernières
décennies a mis entre les mains de l’humanité un potentiel qui
peut lui permettre d'arracher de leur arriération économique
tous les peuples du monde. Grâce aux moyens qu'elle a acquis,
la société peut rapidement venir à bout des maladies, de la
faim et de la malnutrition, de l'analphabétisme et de
l'ignorance. La condition est que la société se débarrasse de
la camisole infernale dans laquelle la propriété privée
enferme les moyens de production. La condition est la
réorganisation sur des bases socialistes.
[Le marché libre c'est l'exploitation maximale des travailleurs]
Le marché
libre, c’est la planification du profit maximum pour
l’infime minorité qui possède les moyens de production.
Aujourd’hui, le marché libre « planifie » l’exploitation
maximale des travailleurs engagés dans les entreprises
capitalistes, comme il « planifie » l’exclusion, la misère,
la famine, la maladie pour quelques milliards
d’êtres humains « superflus ». 60.000 multinationales
planifient leur production et leurs ventes à l’échelle
mondiale et leur implantation hors du pays d’origine ont
réalisé en 1999 des ventes montant à 14 milliards de dollars.
[Le socialisme c'est la réponse aux besoins de l'ensemble des masses populaires]
Le socialisme
basé sur la propriété collective des moyens de production,
planifiera la production pour qu’elle réponde au maximum à tous
les besoins de l’ensemble des masses populaires. Cette
planification aura des aspects nationaux et supra-nationaux.
La planification
et la gestion socialiste seront réalisées de façon rigoureuse,
transparente et sous le contrôle populaire et cela dans le
seul but de répondre au mieux aux intérêts et aux besoins
matériels et culturels des masses populaires.
Le socialisme
développera l’instruction populaire, les sciences et
techniques, les moyens de productions, plus vite et à une
échelle infiniment plus large que l’impérialisme le fait
aujourd’hui.
[Solidarité avec les pays qui maintiennent farouchement leur indépendance]
Dans la situation
internationale actuelle, la solidarité avec les pays qui
maintiennent farouchement leur indépendance vis-à-vis de
l’impérialisme tout en sauvegardant leur système socialiste,
est essentielle. Dans une situation mondiale extrêmement
difficile, quoiqu’ils connaissent certaines difficultés et
contradictions comme tous les pays du Tiers Monde, Cuba, la
Chine, La RPD de Corée, le Vietnam et le Laos représentent
l’avenir de l’humanité.
En tant
qu'internationalistes, les communistes ne combattent nullement
les processus objectivement nécessaires de mondialisation.
En 1919, avec la
fondation de la Troisième Internationale, les
communistes constituaient la force la mieux organisée au
niveau mondial. À cause de l’opportunisme et du
révisionnisme, le mouvement communiste international s’est
effrité.
[La globalisation impérialiste place tous les travailleurs du monde face aux mêmes ennemis.]
Or, la
globalisation impérialiste place tous les ouvriers et tous
les travailleurs du monde face aux mêmes ennemis.
L’échange d’expériences et d’analyses, l’élaboration de
politiques et l’organisation d’actions communes deviennent de
plus en plus une nécessité pour les progrès de toutes les
luttes. À la politique globale de l’impérialisme
américain, de l’OTAN, du FMI, de la BM et de l’OMC, les
opprimés du monde entier devront opposer une politique
commune de libération et de développement.
Le Parti du
Travail de Belgique apporte dans ce domaine une modeste
contribution en organisant depuis 1992 chaque année, du 2 au 4
mai, un Séminaire Communiste International auquel près de 150
partis et organisations venant de l’Asie, de l’Afrique, de
l’Amérique Latine, de l’Amérique du Nord, des anciens pays
socialistes et de l’Europe ont participé.
[Le socialisme comme développement harmonieux et proportionné de toutes les régions du monde]
Le socialisme
se réalisera en tant que système international de
Républiques socialistes fédérées. Il sera guidé par les
principes de la solidarité et de l’entraide pour mettre
en commun de façon planifiée les progrès du développement.
L’internationalisme prolétarien guidera le rapprochement
des peuples, la liquidation de toutes les barrières
ethniques ou nationales, la disparition des
pratiques et comportements discriminatoires, et du chauvinisme,
les échanges mutuellement avantageux entre les peuples,
le partage des connaissances et du savoir débarrassé
de toute considération mercantile, le développement
harmonieux et proportionné de toutes les régions du monde,
si sur cette base, la production obéit à un plan prenant en
compte les besoins de tous les hommes dans le cadre de la
coopération.
Notes de la pBMLm
Ce texte de Ludo
Martens est très important car cette analyse contient les
éléments essentiels suivants:
- une interrogation sur la nature exacte du 11 septembre 2001;
- une caractérisation de la nouvelle phase de la crise générale du système capitaliste;
- la mise en évidence d'une aggravation des contradictions du système capitaliste ;
- l'aggravation des contradictions au sein même de la bourgeoisie.
Cette analyse est
juste car elle a anticipé les événements suivants:
- l'affaiblissement et l’agressivité croissante de l'impérialisme américain;
- l'encerclement de la Russie et de la Chine.
Contre-révolution et révolution au XXIe
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