Tract-déclaration de la pBMLm au sujet de la réforme destructrice des retraites
La petite Bibliothèque Marxiste-Léniniste massaliote (pBMLm) se propose d'analyser ou d'offrir des pistes de réflexion aux camarades qui voient ou sentent bien la contradiction entre la situation actuelle catastrophique du capitalisme et l'apparent manque de perspective actuelle. La disparition de l'Union soviétique a libéré l'énergie destructrice du capitalisme. Des pays ont été détruits. Les peuples et les classes ouvrières ou paysannes ont été exploités encore plus à l'échelle mondiale. Cela n'empêche pas le capitalisme de se retrouver maintenant au seuil d'une catastrophe, pour lui-même aussi, qu'il engendre et est bien incapable de prévenir.
Pour le patronat, la bourgeoisie, la retraite est un magot qu'elle convoite et dont elle a besoin dans sa lutte pour la survie face aux autres fractions de la bourgeoisie, face à la diminution de sa part de profits dans la domination mondiale en tant que vassale de l'Impérialisme yankee.
Cet affaiblissement impérialiste est le résultat de l'essor quantitatif et qualitatif de la Chine dans le commerce et la production capitaliste mondialisée. Cet essor aurait pu être stoppé, contenu ou utilisé sans l'intervention, décisive et inopinée pour l'Impérialisme, de la fraction dirigeante russe qui après avoir évincé Eltsine et sa clique de marionnettes de l'Impérialisme yankee a reconstruit une alliance de facto avec la Chine. La Russie protège la Chine par le transfert de technologies militaires et a sauvé son économie des sanctions américaines et européennes en commerçant encore plus avec son allié. Cette alliance et sa réussite ont maintenant brisé la bourgeoisie mondiale et occidentale en deux camps qui s'affrontent aujourd'hui entre eux. Une fraction s'est hissée au niveau du pouvoir et le conteste à la fraction qui a fait faillite, qui a échoué dans ses rêves de domination mondiale. C'est ce que l'on peut voir à travers le rideau de fumée de l'affrontement violent, fracassant et pathétique entre Trump et les démocrates aux USA, les brexiters et les européistes en Grande-Bretagne et toute sorte de variantes dans d'autres pays liés directement aux différents centres de l'Impérialisme.
L'Impérialisme ne peut faire la guerre à ses deux principaux rivaux car la Russie a, dès le début des années 2000, ressuscité les programmes de défenses soviétiques et les a hissés au niveau envisagé à l'époque et nécessaire à la situation d'aujourd'hui, caractérisée par une recrudescence de l’agressivité impérialiste. l'Impérialisme a essayé, dès le début, et en utilisant tous sortes de moyens, de stopper cette possibilité. Il a échoué et en paye les conséquences en multipliant les échecs sur la scène internationale et en s'enlisant dans des guerres coûteuses et inutiles puisque l'encerclement de la Russie et de la Chine est maintenant un échec total.
Les parts de marché, le marché capitaliste occidental est en décroissance car la baudruche capitaliste yankee ne peut que diminuer quand le ballon chinois gonfle inexorablement. La puissance militaire n'intimidant pas ses rivaux, l'Impérialisme s'est résolu à utiliser l'arme politico-économique dans l'attaque ridicule contre le groupe Huawei qui n'a eu aucun effet désastreux sur ses parts de marché. Les sanctions sont levées discrètement, sans tapage médiatique, les unes après les autres car leur effet est surtout négatif pour les monopôles occidentaux. Ainsi, Google a peur que la Chine développe à grande échelle un système d'exploitation concurrent. Tous les autres monopoles ont peur que la Chine accélère son développement en se libérant des brevets occidentaux qui rapportent encore certainement à l'impérialisme. La Chine n'a pas encore développé toutes ses capacités de développement contrairement à ses rivaux. En tant que communiste, nous espérons qu'après avoir hissé leur pays au niveau d'un pays moderne, pouvant rivaliser avec l'Impérialisme, la direction communiste chinoise renforce sa lutte contre le capitalisme en le domestiquant, puis en revenant à la production socialiste, à des rapports de productions socialistes, une fois que la nocivité du capitalisme sera devenue une évidence largement partagée, reconnue par la grande masse comme nous le souhaitons pour notre propre pays.
Les événements de Tien-An-Men, au même moment que la catastroïka soviétique, et les événements actuels à Hong-Kong montrent qu'une fraction de la bourgeoisie chinoise préfère être dominée par l'Impérialisme yankee plutôt que d'être domestiquée par la direction du Parti Communiste Chinois. La bourgeoisie occidentale n'essaye même plus de séduire l'appareil dirigeant chinois en mimant une même identité car la catastroïka soviétique les a vaccinés de ce fléau ainsi que la fraction de la direction russe actuelle. Elle a compris que, pour l'instant, elle ne pourrait pas les infiltrer de l'intérieur ou utiliser les forces qui pourraient ou non y être déjà positionnées, comme elle a pu le faire dans le passé. Cela explique pourquoi, contrairement à la situation d'une douzaine de mois en arrière, la Chine et la Russie sont maintenant nominalement et ouvertement étiquetées comme rivales et ennemis.
Le désespoir capitaliste gangrène toute la société. C'est la seule chose que la bourgeoisie veut partager. Elle angoisse sur des catastrophes climatiques, météoritiques, solaires, humaines, démographiques qui ne sont que le reflet de ses angoisses existentielles. Elle « cauchemardise » sur un krach boursier (du jamais vu car elle avait l'habitude de les subir et faire subir inopinément, sans prévenir à l'avance) mais elle comprend que comme les autres options, elle ne ferait que précipiter sa perte à ses yeux et aux yeux de ceux qu'elle exploite. Ce désespoir est le signe de son impuissance et de son affaiblissement.
L'affaiblissement de notre propre bourgeoisie est une aubaine mais il manque la force politique capable de l'exploiter. Cela devrait rendre confiant notre propre bourgeoisie. Mais sa crainte est que sa précipitation fasse échouer ses plans. Elle craint que la classe ouvrière soit encore attachée à ses conquêtes sociales, que même le moins conscient des ouvriers les voit comme un dû et voit comme un vol le fait de le remettre en cause. Il n'est pas impossible aussi que cet événement soit un moyen pour diverses factions de la bourgeoisie de s'affronter entre elles ; Sarkozy n'a-t-il pas manœuvré pour affaiblir Villepin pendant les mouvements sociaux sur le CPE? La Lepen n'est-elle pas à la manœuvre, quoique timidement car elle sait, comme toute la bourgeoisie qu'une défaite de la bourgeoisie dans ce domaine serait comme le passage du Cap Espérance pour la classe ouvrière ou plutôt la Bataille de Stalingrad qui a indiqué, après d'énormes sacrifices, le début de la défaite contre les deux factions de la bourgeoisie qui s'affrontaient et dont l'une voulait exploiter les peuples soviétiques comme des esclaves et l'autre misait sur l'affaiblissement, voire la disparition de l'Union Soviétique. Mais si on peut se réjouir des contradictions entre factions de la bourgeoisie, les utiliser, voire parfois s'en amuser, on ne doit pas compter seulement sur cela bien sûr.
Pour justifier sa réforme, Macron et ses prédécesseurs, le patronat, la bourgeoisie ont siphonné le financement des retraites en aggravant le chômage, multipliant les exonérations de « charges sociales », c'est à dire en diminuant le salaire différé, noyé dans la qualification de salaire brut, sur nos bulletins de paye. Ils ont fait de même pour tous les acquis de la Libération (qui est aussi une défaite de la bourgeoisie française qui avait largement choisi Hitler et le nazisme pour reprendre les quelques acquis de 1936 et du Front Populaire), comme la Sécurité Sociale, les Allocations familiales. Et ils l'ont fait dès qu'ils l'ont pu, dès 1947 après l'éviction des ministres communistes. Pour faire passer sa réforme, Macron et la bourgeoisie, les quelques oligarques qui le tiennent, multiplient les coups fourrés. Pour éviter de parler du contenu, de susciter et propager la colère contre sa politique, ils ont décidé de noyer, de dissuader les manifestations dans et par la violence en encerclant les manifestants et en les blessant gravement aussi systématiquement. Certains groupes violents leur sont bien utiles et depuis un an, le ministre de l'intérieur ne les a pas démantelés, s'en prenant largement aux manifestants dont le tort est de se retrouver dans une manifestation. Comme arguments, notre bourgeoisie éborgneuse utilise le thème de l'égalité entre futurs retraités en oubliant de se signaler comme étant le glaive et le bouclier de nos oligarques, dont le premier Bernard Arnault a augmenté sa fortune sous le règne de Micron Ier pour se hisser au 3e rang mondial! Il suffirait de taxer le capital, de stopper les exonérations de « charges », de créer des emplois pour que le problème fabriqué et soulevé par la bourgeoisie n'existe même pas. Il faut d'ailleurs noter que la bourgeoisie n'envisage même pas un retour à l'emploi. Elle disserte sur la baisse du chômage mais elle ne l'envisage pas dans sa réforme. Elle nous prouve par là qu'elle ment effrontément sur les chiffres qu'elle publie. Ses mensonges créent de la colère car il y a un fossé entre le compte-rendu du gouvernement et la réalité vécue par la masse.
Malheureusement, la révolte des gilets jaunes n'a abouti à rien. Cela montre la difficulté des mouvements spontanés à organiser quoique ce soit. Sans organisation, la classe ouvrière n'obtient rien. Surtout quand elle ne se manifeste que pour faire le nombre derrière une autre faction de la petite bourgeoisie. Toutefois, cette révolte a été utile pour montrer que le pouvoir a peur de l'action, que derrière son mépris des sans-dents puis des non-premiers de cordée, il craint la masse dans un premier temps et il s'affolera quand elle s'organisera vraiment pour obtenir ses droits.
Que la classe ouvrière réclame son dû est une très bonne chose mais elle doit construire son propre parti capable d'affronter la bourgeoisie, de la contenir, de l'affaiblir jusqu'à la supprimer ou annihiler ses prétentions en la domestiquant, la contenant de plus en plus. Pour cela elle a besoin d'un parti, d'une combinaison de réflexion, d'action et d'organisation et non pas seulement de réflexes naturels à chaque attaque de la bourgeoisie qui a toujours besoin d'appauvrir toujours plus ceux qu'elle exploite du fait de la concurrence féroce entre capitalistes de l'échelle locale à l'échelle internationale. Elle en a besoin pour conserver et maintenant élargir de nouveau ses droits, ses protections.
Ayant expérimenté divers groupes, fort nombreux, se réclamant de l'héritage communiste, nous ne donnons pas de consigne de ralliement à telle ou telle organisation. Mais il n'est pas inutile de s'y confronter de différentes manières pour en voir leurs limites, leurs volontés affichées et réelles, leurs possibilités voire leurs mains invisibles qui détournent, écartent et empêchent. Nous sommes par contre convaincus que la situation se clarifiera au regard de la situation internationale. N'oublions pas que le Parti Communiste Français est né de la faillite du parti socialiste d'alors, après la première guerre mondiale et de la victoire de la révolution bolchevique en Russie, dès les premiers contacts noués avec sa direction dans l'Internationale Communiste naissante. Il semble que cela soit inévitable dans un des centres de l'Impérialisme car la bourgeoisie, dans un premier temps, essaye toujours de contrôler ou de réduire à l'impuissance le parti de la classe ouvrière, comme on le voit de manière évidente dans notre pays, des pays voisins ou lointains, avant de les briser dans une contre-révolution préventive, quand elle le peut, s'il devient trop puissant et n'a pas été rendu impuissant.
Communistes convaincus, nous sommes persuadés que nous vivons une période de transition, entre le capitalisme et le communisme. D'ailleurs cette période de transition commence dès l'émergence du capitalisme comme l'a montré Engels dans son livre sur la Guerre des paysans. Cette période de transition comporte des étapes, résultats des défaites et victoires successives de la classe ouvrière, reflets des victoires et défaites respectives de la bourgeoisie. Cette transition se présente à nous comme quelque chose de non-linéaire, d'imprévisible et hasardeux, mélange de victoires fulgurantes et de défaites qui ne le sont pas moins, malgré son inéluctabilité. Comme nous l'énoncions dans le tract précédent de mai 2018, les défaites de la fin du XXe siècle ne nous ont pas ramené à une situation identique au début du XXe siècle. L'affaiblissement généralisé de l'Impérialisme le montre. Affaiblissement corrélé à un redéploiement de l'identité communiste dans la société chinoise et à une véritable restauration idéologique des acquis du socialisme dans la Russie d'aujourd'hui où tout est systématiquement et quotidiennement comparé à l'Union Soviétique dans les médias de masse, ce qui annonce de nouveaux grands changements à venir, une nouvelle étape particulière dans la transition générale entre le capitalisme et le communisme, dans ce pays et dans le Monde. Puisque la Russie et la Chine ont maintenant acquis une indépendance très forte vis à vis de leurs rivaux, elles doivent nécessairement passer à une étape supérieure, une fois que ce stade de renforcement et de détachement du système mondial occidental aura été accompli (« dédollarisation » accrue des échanges, affaiblissement du dollar et de l'Impérialisme américain, capacité systématique à contrer les plans de l'Impérialisme dans les pays émergents, y compris son propre pays, où l'impérialisme dispose de forces supplétives politiques, militaires, idéologiques liées aux bourgeoisies locales compradores ou qui aspirent à le devenir). En d'autres termes, cela veut dire que la lutte des classes continue en Chine, en Russie et partout dans le Monde. Cette lutte des classes a lieu dans les rapports de production de l'unité de base de la production capitaliste (ou socialiste) au sommet des superstructures étatiques dans certains pays. Et elle continuera tant que le capitalisme perdurera dans les faits, et aussi ensuite dans les têtes, de certains descendants réels ou imaginaires, déclassés ou non, de la classe bourgeoise.